Unquerra - Llanes - Camino

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UNQUERRA - LLANES
Mardi, 12 septembre 2017
Jour 12
30 km
 
Le desayuno à l’hôtel El Canal se résume en un croissant avec un café con leche.
Aujourd’hui Raymond et moi pérégrinerons donc à nous deux. A la sortie de l’hôtel nous croisons déjà des pèlerins qui se sont levés très tôt puisqu’il n’y a pas d’autre demeure en début de village ou nous sommes. A sept heures trente ils doivent déjà avoir parcouru plus ou moins cinq kilomètres ce qui correspond au moins à une heure de marche.
Dès la sortie du village le chemin prend à gauche et donne sur une montée de presque trois kilomètres, question de prendre la bonne température pour la suite de la journée. Peu avant Colombres les quelques nuages libèrent la vue sur notre gauche sur la chaîne Picos de Europa qui est la chaine montagneuse la plus élevée de la Cordillère Cantabrique. Le point le plus élevé est la Torre de Cerredo avec ses deux mil six cent quarante-huit mètres. Tous ceux qui habitent le coin, pour peu qu’ils ont le temps et les moyens, peuvent se baigner le matin dans l’Atlantique et faire du ski l’après-midi, le tout sur une distance de quelques trente kilomètres.
Au milieu du village l’exploitant d’un bar au sens commercial a dessiné une flèche jaune qui tourne à quatre-vingt-dix degrés pour rentrer dans son bar et à la sortie du même établissement une autre pour qui donne de nouveau vers la droite.
Peu après nous croisons la pèlerine écossaise qui a dormi à Colombres. Dire qu’elle s’est tapée hier trente-cinq kilomètres avec en prime trois kilomètres de montée en fin de journée – il faut le faire. Elle me confie être avocate avec une spécialité dans le transfert de propriétés. Interrogé sur le Brexit, elle me dit «  It’s a disaster, I`m upset. Sturgeon is working on it ».
Juste avant La Franca nous croisons un vieux cultivateur qui a bâté son âne pour aller traire quelques vaches dans un pré. Quel plaisir de voir encore chose pareille ceci d’autant plus si on est propriétaire d’ânes. Quelle tâche néanmoins pour ces personnes qui jour par jour doivent travailler comme en son temps pour suffire à leurs besoins. En fait qu’est-ce que Henry et Basile doivent faire en ce moment ?
Voilà une journée que nous sommes en Asturie et deux choses sautent aux yeux : le terrain plus accidenté et d’un point de vue pèlerin un accueil plus favorable : partout on voit des panneaux avec des renseignements qui lui sont dédiés. Faute d’avoir pu faire le plein lors du desayuno à l’espagnole, nous rentrons dans le café-restaurant La Parra qui a érigé une effigie de Saint Jacques sur son parking et invite à prendre le desayuno chez lui.  Voilà qui est fait : un bon bocadillo et une tasse de café – pèlerin ne demande pas plus.
Pour reprendre le Camino il faut croiser la six cent trente-quatre qui est assez fréquentée et les panneaux qui rendent les pèlerins attentifs au danger potentiel trouvent toute leur raison d’être à en juger le comportement de certains conducteurs. A hauteur d’une bifurcation nous croisons un jeune en train de courir qu’il me semble avoir déjà vu courir il y a quelques jours. Il me confirme qu’il est effectivement en train de courir le Camino – tous les jours une étape.
Jusqu’à Pendueles le Chemin longe malheureusement de nouveau la six cent trente-quatre ce qui n’est très agréable d’abord à cause du goudron et puis pour le trafic. Pour accéder au village il faut passer sous un petit pont. Notre arrivée n’a pas forcément plu à un jeune qui a du freiner un petit peu compte tenu de l’étroitesse de la rue pour nous laisser passer – pour nous en remercier il s’est payé le nid de poule rempli d’eau de pluie des derniers jours : Raymond a eu une douche pleine alors que les reste m’était réservé. Qu’il remercie Saint Jacques qu’il n’y a pas eu d’autres pèlerins derrière nous – si oui il sa voiture aurait probablement été enrichi d’un petit souvenir de pèlerin.
Pendueles serait un de ces nombreux villages dans lesquels nous sommes passés sans qu’on puisse en dire beaucoup. Tel n’était cependant pas le cas ici à cause du Palacio Mendoza - Cortina. Natif du village, Mendoza était émigré au Mexique pour y faire fortune dans l’agriculture et le commerce. Au retour au pays il avait fait construire le palais alors qu’il s’était installé à Madrid. Le palais devint par après sa seconde résidence pour le mois d’août. Lors de la guerre civile il a été utilisé comme hôpital militaire puis pour les tuberculeux et autres maladies infectieuses. Depuis lors tout est à l’abandon et se trouve aujourd’hui dans un était de décomposition avancé et représente une plaie ouverte dans le village. Sur le portail d’entrée dans la cour se trouvent toujours les lettres M et C pour Mendoza – Cortina.
En continuant sur la portion qui longe la côte, un panneau invite à passer par les Bufones de Arenillas. Il s’agit d’un phénomène naturel très spectaculaire. L’eau de la mer s’engouffre dans le rocher et avec chaque vague elle sort à travers les perforations sous forme d’une colonne d’eau de plusieurs mètres dont la hauteur varie en fonction de l’agitation de la mer. Au moment de passer par les perforations la sortie de l’eau est accompagnée d’un sifflement  qu’on appelle dans le coin le « bufido ». Ce phénomène vaut vraiment le déplacement. Le temps d’attendre une nouvelle vague un peu plus spectaculaire, j’ai réalisé que s’y éterniser n’est pas payant. En effet : l’écume est tellement transporteur de sel qu’on en prend plein la figure ce qui n’est pas trop recommandable lorsque le soleil est au beau fixe ce qui fut le cas un peu plus tard.
Vers midi j’ai préféré faire une pause pour manger quelque chose – Raymond de son côté s’est contenté d’un seul fruit puisqu’il n’avait pas trop faim. Une heure plus tard il a partiellement payé les frais de ne pas veiller régulièrement à faire le plein en nourriture. Lorsqu’on fait des randonnées de la taille du Camino il faut absolument manger et boire régulièrement même si on n’a pas faim ou soif. Attendre que le corps en demande risque de vous mettre dans une situation délicate à laquelle Raymond a échappée belle.
Pour arriver à Llanes nous avons mis encore deux heures et demie. Le chemin contourne en effet la ville sur une hauteur en une trompe œil qui vous fait continuellement croire que vous êtes déjà arrivés. Les ascensions et descentes se succèdent et pour finir vous ne souhaitez que cela finisse – enfin.
A notre arrivé à l’hôtel Villa de Llanes j’ai pris les renseignements d’usage y compris l’info à quelle heure se prendrait le desayuno – « a la siete y media ».
Nicolas et Christiane étaient bien arrivés par le train local et le jour de repos leur avait fait du bien.
Llanes fait partie de la « costa verde » qui est connue pour les longues plages et l’arrière-pays montagneux. Outre le tourisme, Llanes est également un port de pêche. Parmi les gloires de la ville on compte d’après une plaque commémorative soixante-cinq marins qui en mille huit cent quatre-vingt-huit on fait partie de l’Armada espagnole avec leurs bateaux : le Santa Ana, le San Nicolas et le Santelmo.
Llanes fut également impliqué dans la bataille d’El Mazuco qui porte le nom de ce petit village Asturien. En effet, pendant la guerre civile, du six au vingt-deux septembre mil neuf cent trente-sept, cinq mille soldats des forces républicaines ont retardé la progression de quelques trente-trois mille insurgés nationalistes en faisant des leurs le terrain accidenté de la montagne dans l’arrière-pays et l’atlantique de l’autre côté. 
 
 
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