Chassey Beaupré - La Forge Sainte Marie - Camino

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Trajet > 2008
Chassey Beaupré vers La Forge de Sainte Marie
Jour 10
Samedi 10 mai 2008
18 kilomètres
 
Le trajet de ce samedi d’une longueur moyenne ne présentait pas de difficulté majeure. Dès les premiers pas, je sentais que quelque chose me tourmentait. Je n’aurais jamais imaginé que la première partie de notre pèlerinage, dont la fin avait été programmée d’avance à ce soir, allait tant m’occuper pendant toute la journée. Mes pensées n’étaient plus tout à fait sur le Camino. Je n’arrivais pas non plus comme les jours précédents à ne penser à rien. Alors que j’étais encore physiquement sur le Camino, en pensées j’étais déjà presque rentré à la maison. Au secours, comme dirait une bonne connaissance.
C’est quand même étonnant de pouvoir vivre pendant une dizaine de jours sans journal, radio et TV, de décrocher et switcher automatiquement sur le journalier qui vous attend au retour.
Sur la D115, nous passons du département de la Meuse au département de la Haute Marne et arrivons à Cirfontaines en Ornois. Ici encore, nous pouvons admirer un lavoir superbement restauré et certaines maisons laissent présumer un passé non inintéressant et l’église dédiée à saint Pierre surprend par sa taille 
Le long d’un chemin rural qui mène à Harmeville, se trouve un système de captage d’eau actionné par une roue en fer actionnée par le vent, qui n’a pas fait le plaisir de nos bourricots. A une distance de quelques dizaines de mètres de cette structure, ils commencent soudainement à tripler d’allure pour passer au plus vite à côté de cet obstacle qui tourne, fait du bruit et dont l’ombre projetée par le soleil n’améliore pas la situation.
En passant par Harméville, nous voyons une vieille dame dans l’ouverture d’une grange qui, de par sa simple présence et son charme de grand-mère toute faite pour jouer ce rôle dans un film, vous donne envie de vous arrêter un petit instant et de causer un peu. Nous se sommes pas les premiers pèlerins qu’elle a vues cette semaine. Un premier est passé lundi et elle a vu hier un Allemand de soixante et onze ans avec un sac à dos de trente kilos. Cet homme ne portait pas seulement une charge ô combien trop lourde mais traînait avec lui un fardeau familial qu’il serait inapproprié de reprendre ici.
Deux pèlerins avec deux ânes ne passent pas non plus tous les jours à Harméville.
Juste avant Soulaincourt, nous longeons un champ de colza à l’intérieur duquel se trouve un espace non semé, dans lequel un homme est en train d’aménager un jardin. Même si l’idée n’est pas mauvaise d’installer un jardin dans un endroit naturellement protégé par le vent qui, par mauvais temps, semble souffler avec une certaine intensité, je me priverais volontiers du plaisir de manger des légumes en provenance de cette terre qui n’a probablement pas été épargnée d’une douche chimique du colza. L’église dédiée à Saint-Amâtre est dans un état similaire aux autres édifices du village.
A l’entrée de Thonnance les Moulins, un petit enfant croise une des rues du village à toute vitesse depuis son domicile vers la maison d’à-côté, à peine à une vingtaine de mètres devant nous sans même nous remarquer. Je suis tellement surpris que mon premier souci est de ce qui serait advenu à ce môme si je n’étais pas venu à pied mais à bicyclette ou au pire en voiture – elle n’aurait pas eu de chance. Arriver à penser au pire et ne pas prioritairement voir la chance qu’à un tel enfant de vivre dans un village, où le passage d’une voiture dans ces routes secondaires doit être une chose très rare, me confirme dans mon impression de début de matinée - j’ai déjà quitté le Camino avec un pied.
Le viaduc d’un chemin de fer abandonné est à l’opposé de la direction que nous prenons pour aller au camping de la Forge de Sainte-Marie où nous arrivons vers treize heures. A cette heure les bureaux sont fermés et nous nous apprêtons déjà à attendre la reprise des activités administratives du site. Or, derrière un des bâtiments, une petite fille nous avait vue de loin et nous attend dans la cour. Sa mère est une Anglaise qui exploite le camping avec son mari, qui lui est Néerlandais. Basile est pris d’assaut par la petite fille et, une fois n’est pas coutume, nous recevons un gîte même en dehors des heures de bureau. La dame nous propose même la gratuité du séjour si nous sommes d’accord pour laisser monter des enfants sur les ânes. Ils viendront l’après-midi fêter l’anniversaire de la petite admiratrice de Basile. Ayant par mesure de précaution décidé de ne point laisser monter quelqu’un sur mes ânes, je ne peux malheureusement pas donner une suite favorable à la demande. Par contre, je propose de faire faire un tour du camping avec les ânes en laissant aux enfants la possibilité de tenir la longe avec nous. D’accord avec cette contre-proposition, mais comme c’est loin du souhait de mademoiselle, la location ne sera pas gratuite mais nous bénéficions quand même d’une bonne réduction – adjugé.
Au courant de l’après midi, alors que nous somnolons un peu sur la terrasse devant notre gîte, je crois rêver quand je vois un adulte en train de détacher Basile. Interrogé sur son projet l’homme me répond : « Dat is voor de kinderen. » Mais on est où – l’âne est bien attaché et puis il n’y a pas de panneau autorisant à l’emmener. En fait Basile et Henry, j’aurais pu vous le dire – c’est fini pour cette année. Quand même, vouloir foutre le camp avec le premier venu – mais alors, on vous a mal traités ?
Pour finir en beauté, nous mangeons ce soir au restaurant du camping et en prime nous nous permettons un grand pichet de vin rouge. Bon appétit et levons notre verre à cette étape qui est déjà finie.
Merci Daniel de m’avoir accompagné, merci Henry et Basile pour vos loyaux services.
 
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