GERNICA
- BILBAO
Jeudi,
7 septembre 2016
Jour
7
19 km
Il
a plus pendant la nuit et malgré la fenêtre de notre chambre qui était
largement ouverte je n’ai rien entendu. Nous quittons l’hôtel vers six heures
quarante-cinq et préférons prendre un desayuno ailleurs – seize euros pour un
petit déjeuner nous semble un peu beaucoup.
A
l’extérieur une pluie toute fine continue à tomber mais malgré celle de cette
nuit nous avons l’impression que la température n’a pas trop baissée. La preuve
au panneau d’affichage de la prochaine pharmacie – vingt-quatre degrés à sept
heures du matin. A force de marcher un petite peu un se sent dans un sauna.
Lors nous passons près du museo de la Paz le café bar en face ouvre justement
ses portes été de même que la boulangerie. Chez l’un nous prenons un desayuno
et chez l’autre un bocadillo.
Comme
Marc doit de nouveau travailler la semaine prochaine nous avions convenu que
cette étape serait probablement la dernière de notre périple de cette année.
Pérégriner seulement une semaine ne vaut pas le déplacement pour ceux qui ne
voient le seul rapport déplacement aller-retour et la distance parcourue sur le
terrain. Cependant en interrogeant ceux qu’on a croisé et ceux avec lesquels on
a marché un peu, seulement trois continuent leur route – tous les autres
s’arrêtent à Bilbao. Considérant qu’après Bilbao le terrain sera plus plat, que
la partie la plus dure aura été parcourue et que finalement nous n’avons de
compte à rendre à personne notre décision de nous arrêter à Bilbao est sans retour.
Le
Camino longe le museo de la Paz, l’église Santa Maria et « l’arbol de
Gernica » qui se trouve à proximité de la casa de Juntas. ) L’arbre de
Gernica qui au fil du temps a déjà été remplacé à quatre reprise est un chêne
qui est l'emblème officiel de Biscaye
et est surtout connu comme symbole des libertés traditionnelles des Biscayens.
Quand nous passons par un faubourg il commence à pleuvoir intensivement et sous
l’abri d’une terrasse d’un immeuble à plusieurs étages nous croisons trois
pèlerins qui sont en train de mettre des pèlerines et parmi eux le pèlerin
espagnol avec son chien Tula qui visiblement prend du plaisir d’être de parti.
Dès
la sortie de la ville le chemin prend à droite et la prochaine montée ne fait
pas attendre. Par temps de pluie les pierres sur lesquelles on pouvait marcher
plus ou moins convenablement alors qu’il faisait sec, s’avèrent devenir des
obstacles glissants.
En
pleine brousse nous passons par deux maisons distantes d’environ cinq cents
mètres. C’est ici que je découvre pour la première fois ce qu’on a vu à
plusieurs reprises au courant d’une journée sur une même étape sur le camino
Francès – un petit coin de premières nécessités alimentaires pour le
pèlerin : des friandises, du gâteau fait maison, des fruits, de l’eau et
du café. Nous décidons d’y faire une petite pause malgré l’absence d’un endroit
pour s’assoir. Le tout était géré par une mère avec ses enfants en bas âge qui
s’occupaient de refaire le plein. Après de la deuxième maison un autre stand
avec dame d’un certain âge qui nous questionnait sur que sa concurrence
commercialise. Je suis tout à fait d’accord avec Marc quand il se pose des
questions sur l’attitude de deux voisons qui n’arrivent pas se parler pour
mettre sur pied le cas échéant un stand commun ou s’entendre sur des produits
qui ne font pas concurrence.
Un
peu plus loin nous découvrons sur un spécimen particulier d’affichage du
camino. En effet sur une épave de voiture au bord de la route quelqu’un a peint
une flèche jaune – autant pour apprendre à lire le chemin en cours de route.
Par
la suite se produit un phénomène auquel j’ai assisté tous les ans depuis que je
fais le camino – la nécessité de marcher un peu seul même si on est parti en
groupe. Cette fois-ci c’est Marc qui a pris l’initiative et accélérant un peu
la cadence pour disparaître derrière le prochain virage. Je suis de plus en
plus convaincu que marcher un peu seul répond à un besoin au plus profond de
chacun qui part en commun – il ne faut s’en affoler – c’est naturel et ça fait
du bien.
Arrivé
au sommet d’une nouvelle petite montée je vois au loin Manuel le colombien et
je décide de l’attendre question de pouvoir parler encore un peu d’espagnol.
Je
ne peux que confirmer ce qui se trouve dans tous les guides à savoir que les
chemins sont difficilement praticables par temps de pluie. Sur les trois
prochains kilomètres nous traversons en effet une portion de glaise et d’eau le
tout avec quelques pierres et écorces d’arbres – un jolie mélange pour ne
répondre sous peu plus à quelqu’un qui est parti avec des chaussures et un
pantalon propre. La descente sur Landotze ne fait qu’empirer les choses. Je
plains le jeune devant nous qui est parti en basquettes et qui ne fait que
glisser malgré le bâton qu’il a ramassé quelque part.
Manuel
semble également ne pas avoir échappé à la boue qui s’est un peu introduite
dans une de ses chaussures et me demande de faire une petite pause. Près d’une
petite fermette qui nous semble appropriée pour nous mettre à l’abri de la
grisaille je revoie le japonais en compagnie d’un pèlerin français. A voir son
profil Manuel se pose la même question que Marc et moi nous sommes posées
l’autre jour : comment un homme peut-il marcher avec un tel poids avec en
plus une charge supplémentaire sur le devant.
Dans
une descente peu avant Goikolexea un message politique sur un mur retient mon
attention. Quelqu’un y a peint en rouge « freedom for the basque country
and their political prisoners ». Comme le blanc de la façade n’a aucune
usure dans le temps et le message en rouge semble relativement frais il faut
conclure qu’il reste des comptes à régler.
Dans
le village je croise un jeune homme et je lui demande s’il n’a pas vu un
pèlerin avec un sac à dos bleu passer par ici peu de temps avant. « No,
solamente un hombre mas alto con une ropa negro ». Oui c’est bien Marc qui
est passé par ici – il porte probablement encore son poncho noir. On va le
retrouver.
La
grande place à Larrabetzu et avant tout la petite sur qui donne sur l’église me
rappelle, je ne sais pourquoi, un village mexicain comme on a parfois l’occasion
de le voir dans les films anciens. L’endroit idéal pour faire une pause et
prendre un café. Alors que je pensais appeler Marc pour avoir de ses nouvelles,
mon téléphone sonne et Marc me demande où je suis. Lui de son côté se
reposerait sur un banc près du cimetière à la sortie de Larrabetzu.
Juste
avant de partir un habitant du village m’informe que compte tenu de la pluie
abondante qui était tombé la nuit une partie du camino juste avant Bilbao
serait difficilement praticable voire même fermée.
Quand
nous rejoignons Marc sur son banc, nous discutons s’il serait opportun de
vouloir aller à pied jusqu’à Bilbao au risque de devoir le cas échéant
emprunter un chemin qui n’est pas fléché voir passer par une route principale
qui donne sur la ville. Ensemble avec Manuel nous décidons d’aller jusqu’à
Lezama et d’y prendre le métro ce qu’on nous avait suggéré.