Salas - Tineo - Camino

Aller au contenu

Menu principal :

Trajet > 2018
SALAS - TINEO
Vendredi, 21 septembre 2018
Jour 3
16 km
 
Raymond 2 semble avoir complètement récupéré de son refroidissement et marche comme si de rien n’était. Bonne nouvelle qui nous permet d’avancer comme prévu.
Pour faire le plein pour midi et prendre le desayuno, nous nous arrêtions dans un combiné de bar et de superette et achetions des pinchos : « uno para llevar y un otro para comer acqui ». Jusqu’à ce jour j’avais toujours cru que les pinchos sont de petits plats dont l’origine est basque et qui se consomment dans un bar avec une boisson. En Asturie, ce qu’on entend par un pincho est autre chose, du moins ce qu’on nous a offert sous ce nom. Un sandwich avec tout ce qu’on peut s’imaginer mettre dessus. Incapable de comprendre exactement ce que le barman dans cette entreprise familiale me proposait de manger, je lui ai fait confiance puisque l’odeur en provenance de la petite cuisine derrière le comptoir était alléchante. Ah oui – quand même : sur une assiette on me servait un morceau de tortilla autentica encore chaude qu’on avait voulu faire rentrer dans un sandwich. Impossible de pouvoir manger ça comme on mange un sandwich – trop grand et ça dépasse largement la taille du pain. Après un quart d’heure j’avais dompté la bête ce qui m’a coûté un euro et dix cents plus un euro pour le café ce qui avec le pincho pour la route me faisait un total de trois euros et vingt cents, soit moins que le prix qu’il faut payer pour un sandwich chez nous.
Tout au long du parcours que nous avions fait jusqu’à ce jour et pour la suite, les parcs éoliens sont omniprésents et le soleil levant dans la « Sierra de la Curiscada » leur insuffle quelque chose de grand et d’inexplicable. Parlant de soleil levant et pour les amateurs de belles images et les pèlerins qui aiment charger leurs batteries il n’y rien que vaille une vallée sous les nuages. Le tout fait penser à un lac de lait sur lequel le soleil dessine ses plus beaux tableaux et le proverbe comme quoi « the early bird catches the fly » est plus vrai que jamais pour les lèves tôt.
La notion de Promitivo donné au chemin que nous avions parcouru prend tout son sens quand on passe par des petits chemins entre deux rangés d’arbres qui vous protègent contre le soleil et le vent. Les quelques bouses de vache dans ces allées arrondies au fil du temps ne font que souligner qu’on ne se trouve pas sur un chemin tel que le pensent les ingénieurs de nos jours, mais sur ceux de nos ancêtres nous ont laissés, que des responsables de nos jours protègent pour les offrir à nos descendants.
El Pedregal est un peu particulier à double titre. A l’entrée du village se trouve une toilette de chantier en blanc avec l’insigne du pèlerin dessus – une super idée pour peu que chacun la quitte comme il l’a trouvé ou plutôt comment il souhaite la trouver. Quelques mètres plus loin un lieu de repos pour pèlerins. Il s’agit d’une construction genre chalet couvert avec des tuiles, ouvert et gratuit d’accès dans lequel se trouvent des chaises et tables, une cuisine équipée et des distributeurs de rafraichissements et des petites choses pour manger. Pour le surplus on y trouve un sello pour tamponner le Crédentiel. Chapeau pour cette initiative qui mérite que j’en parle ici. Plus fort que la simple matérialité des locaux est cependant le message véhiculé : pèlerin tu es le bienvenu chez nous – gracias.
A la sortie d’un de ces sentiers-tunnels nous avons repéré un banc où nous avions cassé la croûte. La majorité des pèlerins qui sont passés étaient des visages connus ce qui n’est pas difficile puisque le nombre ne dépassait jamais la trentaine. Pendant cette pause midi nous avions vérifié notre carnet de route pour savoir où on en était. C’est à ce moment que je me suis remémoré la première année de mon départ avec une bonne douzaine de cartes IGN dans la sacoche des ânes. Depuis lors les temps ont bien changé ainsi que la confiance en moi pour partir sur des longs chemins et les moyens de guidage. Toutes les cartes se trouvent désormais dans une app de mon portable dénommé MAPS.ME si besoin en était. Pour le surplus j’avais emmené une seule page A4 sur laquelle se trouve les repères principaux du chemin repris dans le « Guia del camino de Santiago » que Manuel m’avait recommandé quand je l’avais rencontré sur le tronçon de Bilbao. Raymond 2 quant à lui avait fait un download d’une app « Camino Primitivo » avec toutes les cartes et dénivelés. Si on ajoute à cette documentation le fait qu’on a réservé un toit au-dessus de notre tête pour tous les soirs on n’a plus de soucis à se faire.
Avant d’arriver à Tineo nous sommes passés par une forêt au sujet de laquelle on peut lire « agua y barro ». Lors du passage nous étions plus que contents que le temps était au sec depuis plusieurs jours. C’aurait été la galère pour y passer par temps de pluie avec tous les dénivelés et la boue en prime.
A Tineo nous avions passé la nuit dans la Pension Bar Tineo. A notre arrivé nous nous trouvions devant un immeuble d’habitation de plusieurs étages avec une sonnette mais personne ne répondait. Pourtant ce n’était pas encore l’heure de la sieste. Dans un bar à proximité j’ai appris qu’il s’agissait d’un nom composé : la pension à l’endroit ou nous étions et le bar Tineo dans un autre endroit du village où il fallait aller chercher la clef.
Plus tard dans l’après-midi nous avions visité le reste du village – quelques commerces sans plus, des tours d’habitations neuves et anciennes et on a tout vu. Sur la terrasse d’une albergue se trouvaient les deux âmes sœurs en train de scinder l’horizon. Nous avions préféré prendre le large et savourer une cerveza sur une autre terrasse. Ces endroits se prêtent à merveille pour en savoir plus sur l’endroit et les gens qui y habitent. D’abord les pro du comptoir comme partout, ceux qui se croient indispensables et courent dans tous les sens – question de se montrer et d’être vu, ceux qui ne s’arrêtent juste que pour faire une course qui peut durer un certain temps quitte à ce que le trafic s’adapte en conséquence le temps de l’arrêt, des jeunes qui ne savent trop quoi faire et qui sont probablement au chômage et pour couronner le tout : une voiture la maréchalerie qui s’arrête également juste un petit instant – devinez pour quoi faire. On n’est jamais mieux servi que par soi-même. J’ose même prétendre qu’il s’agissait d’un exercice nature pour pouvoir mesurer à juste titre les problèmes rencontrées par les conducteurs à la recherche d’un parking et ceux qui se trouvent dans la file.
 
 
 
Retourner au contenu | Retourner au menu