BARAKALDO-ONTON
Dimanche,
3 septembre 2017
Jour
3
24 km
Le
rapport qualité-prix de l’hôtel Ibis a été plus que parfait y compris le
desayuno. C’est un des rares petits déjeuners qui répondait tout à fait à ce
qu’on a l’habitude de manger chez nous – chaîne internationale oblige – le
changement ce sera pour demain.
A
sept heures et demi j’ai fait connaissance de Mikael le seul transporteur de
bagages que nous avions trouvé sur internet qui dessert le Camino del Norte
depuis Irun jusqu’à Llanes après quoi ce sera son copain Miguel qui prend la
relève et ce jusqu’à Saint Jacques de Compostelle. Le tarif de trente euros
pour quatre personnes est acceptable. Lors de mon premier contact par internet
que j’avais eu avec Mikael il m’avait joint un relevé d’hôtels et de gîtes
qu’on pourrait contacter le long du chemin sans pour autant préciser qu’il
n’assure pas le transport si on ne recourt à un hôtel sur sa liste. C’est un
peu de chantage et d’exploitation à outrance d’un service que peu de personnes
physiques ou morales offrent sur ce trajet. A mon avis le petit rond espagnol
tire un peu trop sur la ficelle de son soi-disant monopole en matière. Un peu
de concurrence plus flexible et moins focalisé sur les petites combines et on
l’oublie. Pour cette année on était bien forcé de danser avec la seule fille au
bal.
Parmi
les quelques interprétations données au nom de Barakaldo celle de vallée perdue
semble la plus probable. Situé dans la banlieue de Bilbao, Barakoldo qui en
mille neuf cent comptait une population de quelques quatorze mille habitants
est passé aujourd’hui à cent mille et héberge le « Biblao exposition
center ». Avec Sestao dans la
foulée et le sud de Portugalete rien que de l’industrie et des bâtiments tour
d’habitations – rien de particulier à voir – on y passe sans plus.
Le
transport de bagages vous permet de réduire confortablement le poids de votre
sac à dos et surtout d’opter pour un exemplaire entre trente et quarante litres
au maximum. Néanmoins faut-il encore l’ajuster convenablement pour éviter des
problèmes ultérieurs. Dans le mien se trouvaient ma pèlerine, un pantalon pour
se protéger contre la pluie, de quoi manger en cours de route, ma gourde d’eau,
une serviette de premier secours, mon crédential et avant tout ma mousse pour
s’assoir convenablement par terre qu’elle soit accidentée ou mouillée. Le tout
devait peser quelques quatre ou cinq kilo – je n’ai pas pesé.
Dès
le début la météo nous forçait à revêtir nos pèlerines pour faire face à une
petite pluie qui durait quand même deux heures.
A
l’entrée d’Ortuella juste après avoir passé la passerelle pour passons
au-dessus de l’autoroute et on peut soit continuer sur le chemin qui passe
autour du village soit pour celui qui passe par le village. Plusieurs pèlerins
étaient en train d’hésiter que faire. La décision n’était pas facile puisque
deux habitants du village se sont joints à nous et nous ont bombardés
d’arguments : l’un proposait de rester sur le chemin venant du pont
puisque plus court, l’autre plaidait de passer par le village – après coup je
pense qu’il a dû être un proche d’un élu local qui veulent coûte que coûte que
les pèlerins passent dans leurs villages.
A
part une peinture sur une des maisons qui raconte un peu l’histoire du coin
avec une allusion au chemin de Saint Jascques, Ortuella n’offre guère quelque
chose de particulier. Il semble qu’il y a eu en son temps une industrie
d’extraction minière mais il était impossible d’en savoir plus. Même le Net
n’est pas très explicite à ce sujet.
Contrairement
à l’année précédente, le nombre de pèlerins que nous rencontrons est bien plus
élevé. C’est probablement dû au fait que les guides disent qu’à partir de
Bilbao le trajet devient plus plat par rapport au trajet Irun-Bilbao. Pour le
surplus les rues sont assez fréquentées par des cyclistes. Les pèlerins avec
lesquels nous échangeons un peu viennent de Hambourg et d’Ecosse – nous ferons
plus ample connaissances ultérieurement.
A
Nocedal le chemin donne sur une rue un peu particulière. De loin on aurait dit
une rue toute banale. Or une fois y arrivés, nous avons constaté que toute
circulation avec un engin automoteur y est strictement interdite. La chaussée
est divisée en trois : un tiers pour les cyclistes qui montent, un autre
tiers pour les cyclistes qui descendent et le tiers restant pour les piétons. Les
deux tiers réservés aux cyclistes sont peints en rouge et chacun est prié de
n’emprunter le couloir qui lui est attribué. Voilà en plein arrière-pays espagnol
un exemple de coexistence entre cyclistes et piétons que certains soit disant
politiciens luxembourgeois pourraient visiter avant de lancer des projets de
pistes cyclables de quelques nature qu’ils soient.
Considérant
que le climat est quand même plus doux qu’au Luxembourg nous sommes étonnés de
voir que les figues sont relativement petites et pas encore murs. Il est en de
même des mures et du sureau.
J’étais
sur de rencontrer quelque part un âne sur le périple de cette année, que ce
soit dès le premier jour de marche effective était quand même une belle
surprise. Il était dans un pré directement derrière un tournant avec son petit,
un réservoir d’eau propre avait été installé et l’herbe n’était pas trop
abondante mais suffisant pour nourrir un animal. Inutile de préciser qu’il
appréciait à sa juste valeur les câlins qui lui ont été attribués.
Le
chemin jusqu’à « La Arena » ce qui signifie la plage était sans
difficulté particulière et nous y avons pris place sur la terrasse d’un des
restaurants et bu quelque chose : Nicolas, Christiane et Raymond un Coca
et moi un café con leche. En face du restaurant se trouve un point info et nous
y avons fait tamponner notre crédential. Raymond, alors qu’il s’apprêtait à
nous rejoindre de l’autre côté de la rue avait oublié son appareil photo dans
le point info. Même s’il en est rendu compte cinq mètres après avoir repris le
chemin, cela suffisait pour l’adopter définitivement dans le cercle restreint de
ceux qui oublient parfois quelque chose quelque part. Il fallait bien que cela lui
arrive.
A
Pobena nous avons traversé le pont sur la plage qu’on retrouve dans tous les
guides avant d’enjamber les quelques escaliers qui donnent sur le plateau avec
une vue sur la mer on ne peut plus belle. D’un côté la plage avec les
vacanciers, de l’autre les vestiges de l’extraction minière d’antan et devant
nous le grand bleu. C’est ici que nous avons posé nos sacs à dos pour casser le
croûte : du pain, une tomate, un peu de saucisson et un fuit comme dessert
– un délice. Le tout combiné avec le paysage et le temps au beau fixe – quoi
demander de plus.
Dans
l’après-midi nous avons longé le chemin côtier qui sur une distance de plus ou
moins cinq kilomètres était doté d’une protection avec des rondins en bois pour
éviter que quelqu’un ne tombe dans le ravin. Pour le surplus il y avait des
poubelles et des points d’eau potables. Cette partie du parcours était un bel
exemple que l’approche proactive des touristes fonctionne comme un aimant vue
le nombre de personnes que nous avons croisé dans les deux sens. Cette manière
de procéder n’a cependant pas fait école partout avec le résultat qui est
proportionnel à l’effort investi.
Vers
quatorze heures et demie nous sommes arrivés à Onton ou nous avions réservé
deux chambres à l’hotel El Haya. Il se trouvait néanmoins que cet hôtel était
situé à l’entrée du village à l’opposé de notre route à plus de deux kilomètres
avec cerise sur le gâteau, une rue montante. Bonjour les dégâts pour cette
première journée de pèlerinage en plein soleil.
L’hôtel
Onton est un point d’arrêt pour camionneurs qui sortent de la A8 avec un
confort acceptable et ce qui était le plus important – nos bagages sont bien
arrivés. Le bâtiment est contigu à un magasin de meubles sans activité et non
loin d’une station d’essence. De l’autre côté de la rue se trouve un bâtiment
avec les volets fermés et un grand parking. Une enseigne néon laisse présumer
que les activités à l’intérieur de cet immeuble ne commencent qu’à partir du
moment où tout pèlerin est déjà en train de dormir.