Condom - Montréal - Camino

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CONDOM - MONTREAL
Mercredi, 9 septembre 2015
Jour 1
20 km
 
Pendant la nuit il a fait froid et le dortoir non chauffé n’appelle pas trop à se lever. Néanmoins comme c’est le premier jour de notre périple de cette année nous sommes pleinement motivés et à sept heures nous sommes tous debout. Le soleil se lève et il ne pleut pas – c’est déjà bon signe.
Tout comme hier soir la présence d’un responsable dans le gite se limite à dire bonjour et d’indiquer l’endroit où se trouve de quoi prendre pour le petit déjeuner – sans plus. Franchement, je m’attendais à autre chose en termes de contact client – fournisseur. Au fil des jours je rencontrais pas mal d’autres pèlerins qui tous se sont félicités des locaux et plaints au même titre de l’absence d’un vrai contact client.
Condom se trouve dans le département du Gers et de la région Midi-Pyrénées. Compte tenu du fleuve qui le longe et du produit des vignes y cultivées, Condom porte parfois le nom de Condom-sur-Baise respectivement Condom-en-Armagnac. C’est justement cet armagnac qui fut jadis transité par la Baise vers Bordeaux par le port local. Mais bien avant l’existence de ce port, l’armagnac était bien connu justement par les pèlerins jacquaires qui l’utilisaient par réchauffer leurs corps et soigner des plaies.
Pour ce qui est des bagages l’avis des pèlerins est partagé sur le fait de les faire transporter. Comme chacun fait son chemin, il appartient néanmoins à chacun de décider s’il souhaite porter soi-même l’ensemble de ses bagages ou bien s’il préfère limiter le poids de son sac à dos au stricte nécessaire sur la journée et confier le reste à une entreprise spécialisée. De notre côté nous avons opté pour confier le transport d’une partie de notre bagage à la société « Transports Claudine » qui propose ses services pour transporter des bagages, des pèlerins et le transfert de voitures sur la portion de Conques à Saint-Jean-Pied-de-Port.
En quittant le gite nous traversons la nationale et tombons de suite sur le GR 65 qui nous guidera tout droit vers Saint-Jean-Pied-de-Port tout au long des prochains jours.
Le paysage se résume en trois mots : forêts, vignes et tournesol. Bien que j’aie déjà vu à l’arrêt des machines qui cultivent les grappes, c’est néanmoins la première fois que j’en vois une en action. A voir le nombre de pèlerins qui s’arrêtent pour admirer le spectacle, je conclus que je ne suis pas le seul à voir une telle machine en action pour la première fois.
Parlant de pèlerins, j’ai rencontré sur ces premiers kilomètres sur la voie du Puy bien plus de pèlerins que je n’en ai vus sur la voie de Vézelay. Comme j’aime rencontrer des personnes et parler un peu avec elles - la voie du Puy se prête bien à cet exercice. C’est ainsi que le premier contact se fait avec un groupe de pèlerins du Nord et le Nord c’est Lille et rien d’autre. Croire que le Nord peut être tout ce qui est au-dessus de Paris y compris la partie ouest s’avère être un sacrilège. Me voilà fixé pour la suite sur certaines appellations géographiques.
Même si le GR 65 ne passe pas directement par Larressingle, nous décidons de visiter ce village classé parmi un des plus beaux villages de France. Larressingle est un village fortifié qui après des efforts de conservation au début du XXe siècle a su conserver une grande partie de sa splendeur du passé. Doté d’un rempart polygonal de deux cent soixante-dix mètres de tour on y accède par un pont fixe qui a cédé la place au pont-levis d’antan. L’ouvrage roman de quatre arches reste aujourd’hui un des rares témoins du chemin d’antan de Saint-Jacques-de-Compostelle. A notre arrivée matinale vers neuf heures, nous avons pu accéder à l’église Saint-Sigismond en l’absence de la masse des touristes qui doivent s’y trouver au courant de la journée à en juger le nombre de publicités fixées sur les murs des quelques maisons intra-muros et des parkings pour voitures et autocars.
Dans la petite mairie en face nous avons fait tamponner notre Crédential. Contrairement à d’autres mairies où le personnel se trouve derrière une vitrine pour le séparer des administrés, j’ai particulièrement apprécié qu’il y ait dans cette petite mairie un contact direct et que le personnel se trouve dans une pièce à côté ouverte à tous les yeux en train de discuter le journalier au tour d’une simple table avec un café. Merci encore pour le tuyau de longer par la suite le cimetière et de descendre la petite ruelle qui donnera de nouveau sur le GR 65.
En bas de la colline nous prenons à droite et passons le pont d’Artigues. Ce pont avec ses cinq arcs irréguliers a été construit au Moyen-Âge pour permettre aux pèlerins de passer à cet endroit l’Osse. Ce pont est également hautement symbolique puisqu’il est situé à exactement mille kilomètres de Santiago- de-Compostelle de quoi faire remonter le moral puisque le compteur kilométriques n’a plus quatre chiffres mais descend à trois chiffres. De la commanderie, de l’hôpital et de l’église Notre-Dame il ne reste plus rien. Seul le pont a subsisté et son état sanitaire préoccupant nécessite des soins urgents, tel est le message que l’on peut lire sur une des affiches.
En continuant notre route nous longeons des champs à n’en pas finir sur lesquels poussent des haricots. Nicolas pense qu’il s’agit plutôt de poids. Comme les avis sont partagés nous nous mettons d’accord qu’il s’agit d’une espèce de haricot-poids sans plus. Comme le hasard fait parfois bien les choses nous apprenons plus tard qu’il s’agit d’une variété appelée « mange-tout » ce qui est effectivement un croisement entre des haricots et des poids. On consomme la cosse verte ensemble avec les grains.
Lors d’une petite pause sur un des très rares bancs qu’on rencontre sur le chemin nous croisons des pèlerins australiens qui font plus ou moins le même trajet que nous.
Juste avant que le GR 65 ne croise la D254 nous voyons à notre droite, isolée dans les vignes la petite chapelle de Routges dédiée à Sainte-Marie-Madeleine dont la particularité est qu’elle dispose de deux entrées dont l’une servait en son temps d’entrée pour monsieur et madame alors que l’autre était réservée aux couches sociales inférieures. Qu’elle confession - qui est également la mienne - dans laquelle d’un côté on ne cesse de dire qu’il faut venir en aides aux plus démunis et de l’autre on divise les croyants en deux catégories.
Après avoir rejoint une place à l’ombre nous décidons de casser la croute avec notre traditionnel menu à midi : baguette, tomate, un peu de fromage et un fruit comme dessert. C’est le premier moment de la journée pendant lequel nous échangeons vraiment sur le vécu et le ressenti en pensant à quelques amis qui doivent nous envier alors que d’autres nous prennent probablement pour des fous pour se soumettre volontairement à une telle épreuve. Comme j’apprécie la marche et la vie en pleine nature, je considère ce périple comme un cadeau que je m’offre moi-même et je suis reconnaissant que mon état de santé me permette de partager ces beaux moments avec des homologues. Retraité depuis peu, je n’ai par ailleurs plus de contraintes professionnelles ce qui me permet d’en profiter d’avantage.
Au moment de reprendre la route, nous croisons un groupe de promeneurs ou de pèlerins qui se font servir leur casse-croute par un des leurs en voiture. Nous les reverrons pendant plusieurs jours à l’heure de midi et échangeons un peu. Vers la fin de notre périple un des leurs se croit très malin dans sa bassesse d’esprit mais je vous en dirais plus un peu plus tard.
Juste avant de descendre vers Montréal-sur-Gers se trouve à notre gauche une ferme et sous un arbre une petite table et trois chaises. Sur la table il y a quelques caisses avec des tomates de tailles différentes et un melon. Sous les caisses une petite affiche indique : »Fruits et légumes de notre ferme – servez-vous, les petites tomates gratuites, les grandes tomates à zéro vingt euros et le melon à un euro ». Inutile de préciser que nous profitons de cette invitation et prenons place sur les chaises ceci d’autant plus qu’il fait chaud, qu’on n’est plus loin de notre gîte et que nos places sont réservées. Les petites tomates sont excellentes et le melon très juteux quoiqu’il manque encore un peu de goût sucrée. Etant donné qu’on ne peut acheter un melon dans un supermarché au Luxembourg pour moins de trois euros, chacun de nous met un euro dans la petite caisse sur la table. Ainsi le prix entier qu’on aurait dû payer chez nous revient directement au producteur. Félicitations pour l’initiative au bord de la route – nous en rencontrerons d’autres.
A quatorze heures nous arrivons à Montréal-sur-Gers et l’exploitant du gîte « Compostella » nous offre d’emblée une cruche avec de l’eau citronnée. Nos bagages sont déjà arrivés de sorte qu’après une douche nous pouvons nous reposer un petit peu. Parmi les plus de ce gite je citerais la terrasse exposée au soleil couchant et le wifi dont tous les pèlerins ont profité si ce n’est que pour jeter un coup d’œil sur le profil de l’étape à venir et avant tout, les prévisions météo.
Montréal-sur-Gers qui a été créé en mil deux cent cinquante-cinq est une bastide typique gasconne du XIIIe siècle et aujourd’hui la capitale du Ténarèze. La ville à la limite du Lot-et-Garonne et des Landes domine deux collines de part et d'autre de la vallée de l'Auzoue.  Face à des maisons  à colombages et l’église Sainte-Marie sur une place entourée de solides arcades de pierre nous avons pris une choppe et fait le bilan de cette première journée de pèlerinage : pas de difficultés insurmontables, pas de cloques,  beau paysage, rencontre avec d’autres pèlerins, beau temps et un peu plus de kilomètres qu’officiellement annoncés. Pour éviter des problèmes de décomptes par la suite nous avons recouru à une caisse commune qui nous remplirons au fur et à mesure toute que je l’avais déjà fait dans le passé avec Daniel et Marc.
De retour au gîte nous faisons la connaissance d’autres pèlerins que nous rencontrerons plus souvent : Claire la Belge du coin de Gent, un kiné belge à la retraite de la région de Tournai qui nous montra quelques exercices de dilatation, un japonais, une fille de la région Centre et un jeune de Lyon.
 
 
 
 
 
 
 
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