GROSSOUVRE - AUGY
Mardi, 31 mai 2011
Jour 2
19 km
Il a plu toute la nuit et nous nous réveillons sous une pluie très fine qui continue à tomber. La nuit dans le lit du gîte du château était très agréable. Même si je ne vois pas d’inconvénient à dormir dans une tente, le fait d’avoir pu dormir dans un gîte a bien arrangé les choses. Nous pouvons commencer la journée sans devoir remballer une tente mouillée. Comme nous avons décidé de reconduire le rapatriement de la voiture à notre arrivée en soirée dans un endroit, que nous ne connaissons pas encore maintenant, nous laissons les tentes et toute autre charge inutile dans le coffre de la voiture ce qui diminue considérablement le poids que doivent porter les ânes.
Avant de prendre congé de Jacques et de son épouse, nous convenons qu’il viendrait me chercher en soirée pour reprendre la voiture. Pour éviter de devoir passer par le village, Jacques nous offre un raccourci à travers sa propriété pour arriver plus facilement sur la D920. C’est ainsi que nous pouvons traverser l’Allée des Châtaigniers dans le bois des Gougnots. Traverser n’est peut-être pas la bonne expression – savourer serait mieux approprié. Cette allée est d’une rare beauté pour peu qu’on s’intéresse à la beauté d’un paysage où le soleil fait sa première apparition à travers un ciel chargé.
Au sujet de Groussouvre je n’ai trouvé que le village avait un riche passé industriel et faisait en mille sept cent quatre-vingt-onze travailler environ huit cent quarante ouvriers. Aujourd’hui, on y trouve un musée sur les forges et l'industrie de la région.
Comme nous l’avait indiqué Jacques: une fois arrivé sur la D920 vous tournez à gauche, continuez tout droit pendant environ cinq cents mètres, puis prenez à droite. Arrivés sur la route, nous sortons de la protection contre le vent qu’offrait l’allée boisée et je mets une veste. Nous trouvons le chemin dont a parlé Jacques, qui mène au Canal de Bérry. Ici nous rencontrons un des panneaux indicateur du Camino et sommes de nouveau à l’abri du vent. La portion du chemin, sur lequel nous sommes en train de marcher, me rappelle une pratique appliquée en son temps également chez nous – qui cependant aujourd’hui ferait l’objet d’une plainte avec un procès verbal en prime. Tous les trous de ce chemin forestier sont en effet remblayés avec tout ce dont on doit se décharger si on restaure une maison : tuiles, briques, carrelages, etc.
Près du pont à hauteur du « Moulin Brûlé », nous nous arrêtons quelques instants pour laisser brouter les ânes et boire un petit coup – même si la soif n’est pas trop au rendez-vous. La vue sur le canal et les arbres des deux côtés, avec la pluie fine qui continue à tomber, est comme prédestinée pour faire quelques photos qui ne peuvent cependant jamais reproduire la gestion situationnelle du ressenti du pèlerin. C’est à ce moment que je me rends seulement compte qu’une Saab noire est stationnée tout près du pont. Sa plaque d’immatriculation allemande nous renseigne que son propriétaire habite à Aix-la-Chapelle.
A l’entrée de Sancoins, nous continuons la route le long du canal et passons sur notre gauche près de la station d’Epuration, avec ses différents bacs de nettoyage desquels on peut observer une végétation active. De l’autre côté du canal, on peut voir un peu plus loin le Parc des Grivelles où se tient chaque mercredi un grand marché de bétail. Ce marché a été un des plus grands marché de bétail de France. Comme je n’avais rien lu de particulier au sujet de l’église Saint-Martin nous décidons de ne pas nous y rendre.
Au croisement du chemin avec la route de Bourges, nous apercevons quelques mètres plus loin le panneau d’un supermarché et décidons de nous y rendre pour acheter du pain frais. Tandis que Marc garde les ânes près de la pompe à essence, je fais quelques courses habituelles: baguette, tomate, pomme, un peu de fromage. A la sortie du supermarché, j’aperçois Henry et Basile faire le plein à leur manière près de la pompe à essence. Le peu d’herbe à côté semble leur suffire à défaut d’une table mieux dressée.
Juste avant de reprendre le chemin balisé du Camino le long du canal près de l’aire pour camping-cars nous croisons une personne qui nous raconte ses problèmes et le plaisir qu’elle trouve de s’entourer d’animaux et surtout de caresser des ânes.
La suite du chemin le long du canal donne l’impression de rentrer dans un tunnel vert. Les arbres des deux côtés ont pu pousser de manière à ce que les couronnes arrivent presque à se toucher. Que le monde est beau et quel bonheur de pouvoir profiter d’endroits que vous ne découvrirez jamais si vous restez sur les sentiers battus !
Depuis quelque temps, un héron nous accompagne le long du canal. Il reste toujours à une distance de plus ou moins cent mètres devant nous. Aussitôt que nous dépassons cette limite, il s’envole pour se poser de nouveau plus loin. Ce spectacle continu également pendant notre pause de midi, que nous prenons en pleine campagne puisque la pluie a cessé de tomber et le soleil est sorti entre les nuages. Basile ne semble cependant pas à l’aise. Je suppose que c’est l’eau du canal qui est en léger mouvement et le soleil qui brille sur l’eau produit un effet miroir qui doit l’inquiéter. Un fois en marche, il se sent de nouveau à l’aise.
Marc qui, avant de partir, m’a interpellé à plusieurs reprises sur la distance journalière ne semble cependant pas avoir des problèmes pour avancer au rythme des ânes. Le seul souci qui nous occupe un petit peu est l’étanchéité de nos souliers. Quoique garantis contre la pénétration de l’eau, nous avons tous les deux l’impression que l’herbe mouillée du chemin le long du canal, à force de frotter contre les souliers, a quand même laissé pénétrer un peu d’humidité.
A la hauteur de la D34, nous quittons le sentier le long du canal et prenons en direction d’Augy-sur-Aubois, passons près du cimetière et arrivons vers seize heures au gîte « Nos repos » au lieu-dit « La Croix ». Ce gîte auprès duquel se trouvent un peu plus de panneaux avec le signe distinctif du Camino peut accueillir quatorze personnes, et à part nous, il n’y a pour l’instant aucun autre pèlerin. La gestion est faite par un couple de hollandais qui nous informe que toutes les deux semaines un autre couple qui a déjà fait le chemin jusqu’à Santiago de Compostelle prend la relève – tous des volontaires. Je préfère largement ce genre de gestion à un exploitant qui ne voit dans le pèlerin qu’une source de revenu. Ceux qui ont déjà fait le Camino ont l’avantage, voire le sixième sens, d’anticiper où le bât blesse chez le pèlerin après une journée de marche. Hollandais oblige – on nous demande d’abord si nous voulons une tasse de thé où autre chose à boire. Nous installons les ânes dans un pré près du gîte sans savoir que nous devrons les mettre plus tard dans un autre endroit à cause d’une jument trop excitée par l’arrivée des hongres aux longues oreilles.
Après avoir pris une douche, nous présentons notre Crédential et faisons la connaissance de Jan, un Hollandais à la retraite, qui est parti de chez lui il y a quarante-trois jours. Au rythme de trente kilomètres par jour, il entend arriver à Santiago de Compostelle vers la mi-août. Il doit retrouver son chez soi pour le vingt-quatre août, jour où il fêtera ses quarante ans de mariage.
Juste au moment où nous voulons réfléchir à ce que nous allons manger le soir, la tenante du gîte nous informe qu’il y a un petit restaurant dans le village. Il faut réserver à l’avance, ce que nous faisons immédiatement.
Vers dix-sept heures, Jacques est au rendez-vous pour me permettre de reprendre ma voiture avec la bétaillère. Il m’apprend qu’il a travaillé dans la chapelle de son château pour fixer une croix qu’il a trouvée dans une grange. Mais les choses n’ont pas fonctionné comme il s’y attendait. « Il y a des jours comme ça » me confie-t-il. « Je continue demain ».
Avant de nous rendre au restaurant « Le relais de l’Aubois » qui fait également fonction d’épicerie avec le sigle du Camino sur la porte, nous faisons une petite visite du village et voulons jeter un coup d’œil à l’intérieur de l’église Sain-Ludre qui date de la fin du XIIe siècle et classée monument historique le vingt février mille neuf cent cinquante-neuf. Exact – vous l’avez deviné – elle était fermée.
Après le repas que nous avions préparé nous-mêmes à Groussouvre hier soir, c’est donc le restaurant ce soir avec au menu une petite entrée maison, un plat principal avec légumes – viande – frites, deux boules de glaces, un café, une cruche de vin et de l’eau. La seule question que je me suis posée est pourquoi il fallait réserver puisque ce soir nous sommes les seuls clients. Parmi toutes les réponses que nous sommes imaginées, je retiens celle que l’exploitante veut priver ses clients d’une attente trop longue entres les différents services. Au moment où on nous présente la facture, Marc me regarde et dit « Ils se sont trompés ». Instinctivement je fais un petit calcul rapide et arrive aux alentours de cinquante euros. Nous sommes dans la France profonde, loin des centres touristiques et encore plus loin des restaurants luxembourgeois avec leurs prix forts. Marc me tend la facture et je lis : deux menus à douze euros égal vingt-quatre euros. Nous laissons du cash avec un pourboire pour arrondir les comptes.
Pour rentrer au gîte je fais encore une photo d’un interrupteur électrique en porcelaine le long d’une façade. Chose simple mais ô combien symbolique pour rappeler à nous deux des souvenirs d’enfance jusqu’au bruit de ces interrupteurs usés, dont nous pouvons encore bien nous rappeler – même si on parle de choses d’il y a plus de quarante années. Comme le cimetière est sur notre route pour rejoindre le gîte, nous entrons pour regarder un petit peu et découvrons tout au fond un panneau fixé sur un bâton. Arrivé plus près, on peut lire « Défense de jeter des ordures ». Comme l’inscription est faite à la main y compris l’écriture, nous partons du principe qu’il s’agit probablement du propriétaire du pré en aval du cimetière. Pour en avoir le cœur net, nous jetons un coup d’œil derrière le mur : plein de couronnes et de fleurs fanées.
Jan est en train de mettre de l’ordre dans ses affaires et nous nous apprêtons également pour aller nous coucher. Quelle horreur – Marc ronfle. Pourquoi je n’ai rien entendu hier, eh oui – chacun avait une chambre séparée. Au secours, où sont mes boules de quies ?
Ci-après un extrait paru dans CAMINO N° 110 OCTBRE 2011 Cyber-bulletin international d’information du pèlerin et du randonneur bulletinCamino@aol.com que je me fais un plaisir de reprendre sur mon site.
Augy sur Aubois (Dépt du Cher), sur le chemin de Vézelay, le long du canal de Berry. Chaque année leBulletin Camino sélectionne un projet (en relation avec le chemin de Compostelle en France) et apporte son aide, et sollicite la générosité des pèlerins qui le désirent. En 2009 nous avons aidé à la restauration d’une statue de St Jacques, puis aidé Régine (Les 4 Chemins, voie du Puy) pour qu’elle puisse ré-ouvrir son bistrot après un incendie. Cette année nous apportons notre aide au refuge pèlerin (chemin de Vézelay, variante nord) à Augy sur Aubois, pour les aider à installer le chauffage au bois.
Pour améliorer l'accueil du refuge « Nos Repos », les propriétaires ont pris l'initiative de l'accueil de pèlerins il y a dix ans, avec la collaboration de la Société des Amis d'accueil pèlerin « Nos Repos », registré (fiscalement aux Pays Bas). Ils ont maintenant le projet de chauffer le refuge pèlerin. Le poêle a été donné par un couple belge (anciens pèlerins). Mais il faut bâtir/faire une cheminée dans le refuge. Le coût est estimé à 2500 euros, puisqu’il faut ouvrir la toiture, monter un conduit de cheminée, respecter les normes de sécurité... L’association qui gère le refuge n’a pas réuni la totalité de la somme d’argent. Aussi le bulletin Camino a décidé d’aider cette association en versant un chèque de 30euros et soumet à ses lecteurs l’idée de participer. Même les plus petits dons de 10 euros seront utiles car les petits ruisseaux font les grandes rivières. Le « challenge » est de commencer les travaux cet hiver afin que les pèlerins du printemps 2012 (mars-avril) puissent bénéficier du chauffage, très apprécié quand on doit faire sécher du linge humide ou trempé. Ce refuge pèlerins est situé sur le chemin du GR 654, entre Sancoins (18) et St Amand Montrond (18).
Il est possible d’aider à la construction de ce poêle en versant une participation sur le compte :
SWIFT ou BIC RABONL2U; IBAN NL67 Rabo 01355 167 73. Stichting Vriendenkring Pelgrimsrefuge "Nos Repos".
Pays Bas. Ou IBAN FR76 1870 7005 2105 6191 0399 673 Bic CCBPFRPPVER M. Heinrichs Johannes, Ossendrecht
La rédaction de Camino peut aussi centraliser vos dons par chèque et les faire parvenir ensuite au responsable les travaux (Important chèque à l’ordre de : M. Heinrichs Johannes) et mettre au dos du chèque que votre don est pour le refuge de Nos Repos. Les noms des donateurs seront publiés dans un prochain Camino pour ceux qui le veulent (mais il est aussi possible de faire un don sans être publié dans le bulletin). Des photos du projet seront publiées dans le bulletin Camino dès que le poële sera installé. A bientôt donc !
Pour vos dons : Bulletin Camino. Lepere Editions 13 le bourg 27 270 Grand Camp