ONTON
- ISLARES
Lundi,
4 septembre 2017
Jour
4
27 km
Le
rapport qualité-prix de l’hôtel El Haya a été plus qu’acceptable. Pour ce qui
est du desayuno, on a eu du typiquement espagnol – un café au choix associé à
une sucrerie. Si on sait que tel peut être le cas, c.à.d. que le petit déjeuner
ne répond pas tout à fait à ce qu’on l’habitude de manger le matin, il faut
prendre ses dispositions : soit attendre qu’on arrive dans un village et
acheter ce dont on a envie soit recourir aux trésors cachés dans son sac à
dos : des fruits frais ou de préférence des fruits séchés qu’on mange à
volonté en cours de route. Manger un petit quelque chose lors de la marche est
aussi important que de boire ce qu’on a parfois tendance à oublier même si l’on
ne ressent aucune faim ou soif.
L’hôtel
El Haya proposait en supplément des sucreries d’acheter un bocadillo :
j’ai opté pour un bocadillo végétal. A vrai dire je n’ai pas compris en quoi il
méritait la dénomination « végétal » : une partie de baguette
avec du beurre, du fromage, du jambon, de la mayonnaise ainsi qu’une feuille de
salade. Pour ceux qui me connaissent un peu plus savent à quelle mesure
j’apprécie cette mixture.
Les
infos qu’on trouve sur Onton sont plutôt maigres – rien de particulier à
signaler. Dans le village nous précédaient deux pèlerins dont l’un a cueilli
une pomme d’un arbre sis sur une propriété privée comme si la propriété lui
appartenait. Son copain qui le suivait à une distance d’une centaine de mètres
avait repéré un poirier à l’entrée d’une autre maison. Avec son bâton de
pèlerin il frappait dans une branche ce qui avait pour résultat que plusieurs
poires tombaient par terre – il en ramassait une et continuait sa route comme
de rien n’était. Quand j’ai vu ce comportement j’ai dû me retenir pour ne pas
intervenir et je comprends parfaitement les personnes qui habitent le long du
Camino qui ont parfois tendance à voir dans les pèlerins une espèce qui ferait
mieux rester chez soi.
Contrairement
à ce qu’on avait annoncé, la météo était au beau fixe et nous avons opté pour
la variante le long de côte et non celle qui passe par l’intérieur du pays pour
aller à Castro Urdiales. Néanmoins pour arriver à la côte il fallait passer par
le bas bord de la six cent trente-quatre pour environ trois kilomètres avec une
montée de onze pourcents à en croire le panneau de la circulation.
Comme
nous avions décidé que lors des montées chacun marche à son rythme et qu’on se
retrouverait dès la première occasion pour peu que le trafic le permette,
j’avais un peu d’avance sur les autres. A
hauteur d’un arrêt de bus j’ai rencontré une pèlerine danoise. Comme ma
belle-fille est danoise j’ai demandé à la pèlerine de dire quelques mots en
danois que j’ai enregistré et envoyé à Anne. Sur le chemin on rencontre parfois
des gens qui sont à la recherche d’un petit souvenir pour les siens. Force est
cependant de constater que prendre une décision sur ce qu’on va finalement
ramener à la maison est très difficile. Je suis convaincu que cet
enregistrement qui en soi est immatériel a fait plus de bonheur qu’autre chose.
Jusqu’à
Mioni où le Camino rejoint la côte, nous avons fait huit kilomètre d’asphalte
et vu les vestiges de l’exploitation minière d’antan avec les points pour le
chargement des navires. Tous les chargements n’ont probablement pas toujours
été de tout repos à en juger les falaises toutes proches du point de chargement.
Jusqu’à Castro Urdiales nous avons longé le chemin le long de la côte
accompagné par une petite grisaille et quelques pèlerins que nous n’avions pas
encore rencontrés en cours de route. L’un d’entre eux a particulièrement retenu
notre attention : un homme d’une quarantaine d’année avec un sac à dos
ultra chargé auquel il avait attaché sa pèlerine qui était plutôt une veste
qu’on met en hiver. Outre le poids de son sac à dos il devait porter son propre
poids qui dépassait probablement le double du mien.
Castro
Urdiales a vu passer les Romains et les troupes Napoléoniennes tous intéressés
par les gisements de fer. Aujourd’hui la ville vit du tourisme et en particulier
par sa plage « d’Ostende ». Sur un plateau le long de la mer se
trouve l'église gothique Santa Maria de la Asuncion datant du XIIIe siècle
et le château qui remonte aussi au XIIIe siècle. Normalement je
suis un peu déçu quand une église est fermée puisqu’elles font partie du
patrimoine qu’on souhaite visiter. En ce qui concerne l’église Santa Maria de
la Asuncion je pense que les responsables ont pris une sage décision de la
fermer au public. L’édifice est en effet
dans un état de décomposition avancée et il serait irresponsable de s’y laisser
aventurer qui que ce soit.
Dans
la ville nous avons pris un café, fait tamponner notre Credential et fait le
plein de provisions. Raymond qui fait
son premier Camino avait oublié d’attacher une coquille Saint Jacques sur son
sac à dos à domicile – pour quelques euros il a trouvé son bonheur dans un
magasin de souvenir – le voilà qui est dument pimped. Comme hier nous avons
cassé la croûte face à la mer.
Pour
sortir de Castro Urdiales il faut malheureusement de nouveau passer par une
suite sans fin de rues dans lesquelles les tours d’habitation font de plus en
plus place à des maisons individuelles. Ici comme ailleurs les suites de la
crise financière sont plus que visibles et la différence entre riches et pauvres
saute aux yeux.
Peu
avant Cerdigo le chemin offre la possibilité de continuer sur une route
secondaire qui se jette dans la six cent trente-quatre ou bien de prendre le
chemin le long de la côte. Nous avons opté pour ce dernier et malgré la
configuration accidentée du terrain nous avons été récompensés avec une vue sur
la mer on ne peut plus belle – une vraie carte postale : un banc avec un
peu de verdure, quelques mètres devant des poteaux avec une corde pour éviter
que quelqu’un ne franchisse le point de non-retour et puis la mer à perte de
vue le tout avec un ciel sans aucun nuage. Même si le soleil frappait fort,
nous avons savouré cette vue et fait une pause d’une demi-heure – carpe diem.
Sur
la partie restante à faire aujourd’hui nous avons encore rencontré deux jeunes
allemands de Düsseldorf qui ne savaient pas encore où dormir ce soir sans trop
s’en soucier à quinze heures. Voilà ce qui fait la différence entre un jeune et
des retraités : wait and see pour les jeunes – la sureté pour les « vieux ».
En fin de journée nous les avons croisés dans notre hôtel.
Outre le tourisme, la configuration des lieux
permet à quelques agriculteur de tenir des vaches et des moutons dans des près
entre la mer, la nationale six centre trente-quatre et l’autoroute A8.
Nous
avons séjourné dans l’hôtel Arenillas dans un confort digne de la dénomination
d’hôtel. Le fait de se trouver directement le long de la nationale n’a pas posé
de problèmes pour trouver le sommeil. Le seul bémol auquel il faut encore
s’habituer est l’heure de repas en soirée – ici le comedor a ouvert ses portes
à vingt-et-une heure.
Après
une douche et un petit repos, Nicolas, Raymond et moi ont pris l’habitude de
nous retrouver au bar pour prendre une bière ou pour le dire avec les mots d’un
autre Raymond pèlerin: la première bière pour reconstituer les minéraux
dans le corps et la deuxième pour la soif. Christiane quant à elle a pris soin
de se reposer plus longtemps. Lors de ces entrevues nous avons toujours passé
en revue l’étape du jour et scruté nos portables avec les adresses des hôtels
dans lesquels nous voulions descendre prochainement. Etant le seul qui parlait
l’espagnol, la tâche pour la réservation m’incombait y compris la communication
de l’adresse du jour suivant à Mikael, le transporteur de nos bagages.
Par
rapport aux années précédentes j’ai pour le surplus constaté que la fin du
roaming a ouvert la porte à des plages de consultation du portable beaucoup
plus longues que dans le passé. J’ose espérer que l’échange avec d’autres
personnes après l’arrivée et avant le de manger ne soit consacré sur l’autel du
roaming.