La Ferté sur Aube - Grancey - Camino

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Trajet > 2009
LA FERTE SUR AUBE - GRANCEY
 
Samedi, 23 mai 2009
Jour 3
29 km
 
 
 
Après huit heures de repos, nous nous levons vers six heures et profitons des premiers rayons du soleil qui illuminent La Ferté sur Aube. Comme nous avons remis en place la table pliante dans le hangar annexé aux vestiaires du stade, nous ne disposons pas de table pour prendre le petit déjeuner étant donné que la personne qui coupait la gazon la veille a fermé à clef la porte de l’annexe. C’est pourquoi nous nous contentons d’une partie du petit bureau qui se trouve entre les vestiaires des locaux et ceux des visiteurs.
 
Le trajet que nous préparons toujours en soirée nous permet de gagner pas mal de temps le matin et comme nous n’avons pas besoin de remballer les tentes, nous quittons La Ferté sur Aube à sept heures et demi par un temps merveilleux.
 
Près la Croix Jean Morel, nous montons un petit chemin vers la Haute Bise en direction de Villars en Azois. Face à la beauté du paysage et la tranquillité loin de tout bruit, nous vivons un de ces nombreux moments où un seul regard suffit pour comprendre qu’on savoure l’instant et qu’on a nullement besoin de se parler. Juste avant d’arriver au village au lieu dit Chabannes, nous observons trois petits renards en train de jouer sur le chemin rural qui mettent longtemps avant de nous apercevoir.
 
Au centre de Villars en Azois alors que nous sommes en train de prendre quelques photos, une jeune femme enceinte avec un petit enfant à la main vient à notre rencontre pour permettre à l’enfant de caresser les ânes. Nous ayant interrogés sur notre projet, elle offre spontanément de préparer un petit déjeuner. Comme nous venons seulement de le prendre une heure d’ici, nous la remercions et acceptons par contre volontiers un verre d’eau.
 
Commence alors une longue montée en direction de Cunfin sur la D11, qui est une de ces routes où après chaque tournant on voit un autre bout de chemin devant soi qui ne veut pas se terminer. A un certain moment, nous entendons au loin un tracteur qui monte la même rue que celle sur laquelle nous nous trouvons. Comme il est l’heure de se réconforter un petit peu, nous en profitons pour entrer dans un petit chemin forestier pour boire un coup, manger une barre de fruits et couper quelques branches de hêtres pour les ânes qui préfèrent néanmoins attendre avec les branches pour nous surveiller et attraper le cas échéant un morceau de la barre de fruits. Comme on aurait pu s’y attendre, quelques moments plus tard le tracteur est à notre hauteur et emprunte le même chemin forestier que celui sur lequel nous nous trouvons – pas de chance. Pour vous donner une idée sur la densité du trafic sur ces petites départementales – sur sept kilomètres nous avons rencontré six voitures et un tracteur, raison de plus d’en profiter.
 
Arrivés au centre de Cunfin qui doit probablement son nom en provenance de sa traduction latine qui signifie frontière dans la mesure où le village se situe entre la Champagne et la Bourgogne, nous constatons à notre grande satisfaction qu’il y a une épicerie qui pour le surplus est ouverte et à laquelle est annexé un bistrot. Nous attachons vite Henry et Basile à deux arbres dans les environs et faisons le plein dans les deux commerces. Plus tard, nous apprendrons que ce commerce a encore deux autres fonctions : restaurant et poste.
 
Comme nous avons appris que météo France avait classé la zone orange pour la soirée, nous nous sommes renseignés s’il y avait une possibilité de trouver dans le village voisin un endroit à l’abri des intempéries. Tony, l’exploitant du l’Andion nous informe qu’à Grancey il y a une maison que fait chambres d’hôtes. Il nous indique l’endroit sur la carte et donne un coup de fil pour annoncer notre arrivée au courant de l’après midi.
 
Alors que nous voulons reprendre le chemin, nous croisons deux personnes dans la rue dont l’une s’avère être le maire du Cunfin, monsieur Paris, qui sans hésiter tamponne notre Crédential. Il prend quelques renseignements sur notre projet qu’il veut faire publier dans la presse locale.
 
Je viens de recevoir cet article paru le 31 mai que je reprends ci-après : « Daniel et Roland, deux Luxembourgeois, ont fait halte à Cunfin. Avec l’arrivée des beaux jours, la fréquentation des chemins de randonnée reprend de plus belle. Cunfin a la chance de posséder trente kilomètres environ de chemins qui font découvrir le calme et la sérénité de ses forêts environnantes sur quatre circuits dont l’un est d’ailleurs commun avec l’itinéraire du chemin de grande randonnée (GR) baptisé « sur les traces de Jeanne d’Arc » reliant Vaucouleurs (Meuse) à Chinon (Indre et Loire). Mais, c’est aussi un lieu de passage des pèlerins allant à Saint-Jacques-de-Compostelle et, le vingt-trois mai, deux ressortissants luxembourgeois, Daniel Bourone et Roland Bisenius de Gosseldange, venant de Colombey-les-deux-Eglises et Laferté sur Aube, accompagnés de deux ânes assurant le transport de leur matériel, faisaient une courte halte dans le village avant de rejoindre Grancey sur Ource, en Côte d’Or, puis dans quelques jours, la basilique de Vézelay. Partis du Luxembourg, ces deux sympathiques pèlerins ont été accueillis par le maire Claude Paris et Tony Spada, le gérant du café mutiservices. Après s’être restaurés, ils nous ont confié qu’ils avaient pour objectif, accompagnés de leurs fidèles compagnons, de rejoindre Compostelle en plusieurs années à raison de 200 km par an. Souhaitons-leur bon courage et bonne route ! « 
 
Autant pour la presse locale – merci monsieur le maire. Se pose néanmoins la question si le pèlerin au sac à dos bénéficie du même intérêt journalistique comme nous le faisons avec mes ânes, l’année passée et maintenant ?
 
Pour éviter néanmoins toute confusion sur notre progression, je tiens à préciser que nous venons effectivement du Luxembourg et sommes partis l’année passée à Ars-sur-Moselle.
 
Avant de partir nous avions acheté des friandises pour les ânes, les unes à base de céréales les autres à base de pommes. Rien qu’au bruit d’un sachet en plastique, les oreilles de nos bourricots se mettent de suite en position d’identification du lieu d’où émane le bruit. Ces friandises se révèlent être quelque chose de formidable, étant donné que Henry et Basile semblent en profiter immédiatement et avancent sans problème. C’est ainsi que nous avons profité de monter la D30 jusqu’à un endroit nommé la Vendue avant de casser la croûte. Comme le ciel commençait à se remplir de nuages, nous avons repris la route après une pause d’une heure.
 
L’après-midi est consacré à la traversée de la forêt du Coteau Viadeye et du Bois du Charmoi. Les promeneurs semblent être une espèce plutôt rare dans cette forêt à en juger certains passages – herbes non tondues et arbres renversés. Si l’herbe non tondue est très agréable pour les ânes, les arbres tombés et non enlevés constituent néanmoins un obstacle insurmontable et nous devons débâter les ânes pour passer en dessous et rebâter de l’autre côté. La forêt répond néanmoins pleinement à une de ses fonctions, à l’abri du soleil et de la chaleur. Comme les nombreuses bifurcations à gauche et à droite ne renseignent nullement une direction, nous devons décider à un certain moment si nous allons continuer à progresser tout droit où bien si nous allons continuer en direction nord-ouest où se trouve notre destination de fin de journée. Nous optons pour la dernière solution et tombons sur la D67 ce qui nous oblige à continuer pendant trois kilomètres en plein soleil qui frappe très fort. Les ânes sont très reconnaissants pour chaque petite pause que nous nous permettons, pour être à l’abri d’un arbre isolé et profitent de chaque occasion pour brouter.
 
Sur la D7d, nous passons près d’une scierie où toute activité semble dater d’une autre époque, ce qui est surprenant d’autant plus que les locaux ne parraissent pas trop vieux. Par un pont, nous traversons l’Ource et prenons à droite sur la D13 qui se jette dans la D79. Juste avant d’entamer la dernière montée de la journée, nous croisons une des ces innombrables croix rappelant les horreurs de la guerre.
 
Après vingt-neuf longs kilomètres nous arrivons enfin au Prieuré du Val des Dames où madame Lenzi nous attend. Ce Prieuré qui fait aujourd’hui fonction de chambres d’hôtes remonte au XIe siècle. D’abord couvent de religieuses, il devint ermitage au XVIIIe siècle. La chapelle sous la protection de la Sainte-Vierge – Notre Dame du Val des Dames – était un lieu de pèlerinage, l’eau d’une source voisine réputée miraculeuse guérissait les malades, surtout les enfants. Un souterrain menant à la ferme de Réveillon permettait à un évêque de venir célébrer la messe. D’après les informations que nous avons reçues ces souterrains fonctionnaient encore pendant la deuxième guerre mondiale avec une entrée-sortie tout près du Prieuré.
 
Comme il faisait toujours lourd, je me suis renseigné sur la météo et un monsieur assis dans un fauteuil devant la porte me dit : « Vous savez, je ne m’intéresse pas aux prévisions météo, de toute façon elles sont fausses. Le temps est un peu comme les femmes, il faut le subir ». Je laisse cette vue des choses à son auteur.
 
Madame Lenzi nous a d’emblée demandé ce qui nous souhaitions manger, de la viande ou du poisson et à quelle heure ces messieurs voulaient passer à table. Après deux soirées de lyophilisés, nous avons spontanément opté pour la viande et sommes passés à table à dix neuf heures après s’être offerts une douche chaude cette fois-ci.
 
Une fois débâtés, Henry et Basile ont profité pour prendre un bain d’âne - se rouler par terre et s’adonner à leur occupation préférée. Ils ont même vidé les bassines d’eau que nous leur avons offertes. Depuis deux jours ils boivent en effet dans n’importe quel récipient qu’on leur présente, alors que l’année passée ils n’ont pas daigné y mettre le nez.
 
Comme le réseau des portables était inaccessible au Val des Dames, j’ai profité du poste fixe pour téléphoner à mon épouse comme convenu, entre dix-huit et dix-neuf heures.
 
Avant de nous coucher, nous avons déployé les cartes topographiques restantes sur le sol et, à voir le chemin restant à faire, j’ai douté de pouvoir atteindre Vézelay dans le temps escompté.
 
 
 
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