Gosseldange - Oviedo - Camino

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Trajet > 2018
Intro
C’est fait – je peux désormais m’inscrire dans le grand fleuve que raconte l’histoire du Camino comme un des pèlerins qui au fil du temps sont arrivés à Saint Jacques de Compostelle. Ce qui me réjouis le plus c’est que je fais désormais partie des 17% de tous ceux qui font le chemin sur plusieurs années et qui arrivent à destination.
Pour mieux comprendre la suite une petite explication sur mes accompagnateurs : tout d’abord Raymond qui était déjà de partie l’année passée. Puis un autre Raymond qui voulait arriver ensemble avec nous à Santiago. Pour pouvoir les différencier dans la suite je dis pour celui qui était déjà de partie l’année passée Raymond sans plus et pour l’autre Raymond 2. Ce dernier avait commencé son Camino l’année passée au Puy en Valley pour s’arrêter à Saint Jean Pied de Port. Cette année il est parti début août à San Sébastian pour longer le Camino del Norte et nous attendre à Oviedo. A partir d’Oviedo nous avons attaqué à trois le Camino Primitivo. A partir de Lugo Nicolas et son épouse se sont rejoints à nous pour les derniers cent kilomètres.
Le 17 septembre, le premier jour après les travaux sur le tronçons ferroviaire 10 je partais de chez moi pour rejoindre le train de six heures un quart pour me permettre d’être à l’heure à la gare de Luxembourg pour prendre la navette pour le TGV Lorraine. Ceux qui me connaissent savent que je suis toujours un peu en avance et c’est ainsi que je vois à six heures et sept minutes qu’un train entre dans la gare de Lintgen. Un peu surpris que le train ait de l’avance j’ai accéléré ma marche pour ne pas le louper. J’ai demandé à l’accompagnateur du train si eux ils avaient de l’avance sur l’horaire, si l’horaire avait changé ou si j’étais en retard. « Non, non monsieur, ni l’un ni l’autre, nous sommes le premier train sur la ligne réouverte – donc le train qui aurait dû partir d’ici à cinq heures quarante-cinq ». Arrivé en gare du village voisin l’autre passager du wagon qui somnolait et moi furent informés qu’il y aurait un retard inattendu qui en fin de compte durait vingt minutes sans aucun mouvement. Comme j’avais quelques minutes d’avance sur l’horaire normal, je considérais que cet arrêt n’était pas trop grave et serait sans conséquence sur ma correspondance dans la gare de Luxembourg. Deux stations plus loin rebelotte et tout doucement je commençais à me faire des soucis. Au passage de l’accompagnateur qui était déjà visiblement énervé je l’informais de mon souci de correspondance et il proposait d’en informer qui de droit pour continuer l’info comme quoi il y avait encore un passager dans le train qui essayait d’entrer dans la gare de Luxembourg pour rejoindre la navette TGV. Trois minutes avant le départ de celle-ci j’étais content de voir Raymond et le conducteur de la navette. Un peu stupéfait Raymond me disait que c’était lui qui avait dit au chauffeur qu’il se pourrait que j’arriverais quelques minutes en retard puisque je lui avais envoyé un SMS. Non seulement le train était en retard mais la communication promise dans le train n’était pas encore arrivée à bon port.
A TGV Lorraine le TGV est arrivé à l’heure et à Bordeaux Saint Jean il avait un retard d’une minute – chapeau.
Comme la correspondance pour Hendaye ne partait qu’une heure plus tard nous avons cherché de quoi manger quand je découvrais devant la gare un food truck avec une plaque d’immatriculation luxembourgeoise et d’autres infos sur l’origine du truck. Eh ben me disais-je, je m’y rendais et demandais « wat hut Dir dann gudds fir z’iessen « ? « En français s’il vous plaît ». Ah, cette chanson je la connais – comme nous étions cependant en France je l’acceptais volontiers – j’y étais un hôte passager. J’avoue quand même qu’au Luxembourg je préfère ceux qui font un effort de parler la langue du pays même si ce n’est que superficiel.
A Hendaye nous avons pris le métro pour rejoindre Irun ou j’avais réservé un hôtel tout près de la gare autoroutière. Après une journée de déplacement pour arriver à la frontière espagnole et fort de mon expérience au niveau de leurs habitudes pour manger, nous avons cherché un restaurant pour finalement en trouver un dans une petite rue qui offrait ses services pendant des plages plus confortables pour les non espagnols le tout avec un service et un repas dégustation à dix-huit euros ce qui est un rapport qualité prix dans tous ses termes presque imbattables pour une ville.
Le mardi 18 septembre nous avons pris le bus longue distance de la société ALSA à huit heures quarante-cinq. Quand j’ai vu le chauffeur, je ne sais pas pour quelle raison, j’étais plus que rassuré. Les années précédentes j’avais estimé que les conducteurs dépassaient de loin la vitesse autorisée et plus qu’un passager se sentait mal sur cette autoroute sinueuse. Dès le départ mon sentiment était plus que confirmé et j’appréciais le paysage et la redécouverte de villages où j’étais passé à pied les années précédentes. Après le changement de chauffeur le style de conduite ne changeait pas. Conscient que j’opère dans l’hypothétique, j’attribue le respect de la vitesse et le style de conduite à l’accident du trois septembre à Aviles, donc à peine quinze jours, où un bus de la même société s’est encastré dans un pilier d’un pont autoroutier entrainant la mort de cinq personnes.
A l’arrivé à Oviedo Raymond 2 nous attendais et la joie de se trouver ensemble pour faire le Camino prédominait. A ma question comment il se sentait, il me répondait : « pas trop bien ». Pour être surpris, j’étais surpris. D’abord par sa franchise et puis par souci qu’on pourrait le cas échéant ne pas terminer ensemble. Raymond 2 avait un peu d’avance sur son parcours et nous attendait depuis quelques jours à Oviedo où il avait pris froid, Dieu sait où et comment, et il prenait un médicament pour lutter contre. « Si nous ne marchons pas trop vite demain, cela devrait aller », sacré Raymond 2.
Oviedo est la capitale des Asturies et se trouve entre la cordillère Cantabrique et le golfe de Gascogne. Avec ses deux cents vingt mille habitants à ce jour, Oviedo fait partie du Camino depuis le début puisque le roi Alphonse II inaugurait le Camino Primitivo après la découverte en huit cent douze à Iria Flavia d’une tombe qu’on attribue à celle de l’apôtre Saint Jacques.
Pour la petite histoire : Raymond 2 m’avait demandé de lui apporter un Crédential supplémentaire comme le sien serait rempli sous peu. Je l’avais bien acheté pour cinq euros mais par mégarde j’avais emballé un des miens déjà rempli. Sur ce nous nous sommes mis à la recherche pour en trouver un à Oviedo et on nous recommandait d’aller à l’office du tourisme plutôt qu’à la cathédrale San Salvador. A notre grande surprise le Crédential y était gratuit et chacun de nous en a pris un exemplaire sachant que sur les derniers cent kilomètres pour l’obtention de la Compostelle il faudra prendre au moins deux sellos par jour.
Sur une petite terrasse non loin de la zone piétonne nous avons mangé une bonne paella prévue pour deux personnes. A trois nous sommes à peine arrivés à vider la marmite. Sur la même terrasse on offrait du cidre qui compte ici comme spécialité locale. Outre son odeur fermentée qu’on sentait partout, les camareros se donnaient à volonté au show en levant la bouteille au-dessus de leur tête pour verser le liquide dans un verre sans jeter un coup d’œil sur le jet. Inutile de préciser que sur chaque bouteille au moins un quart se trouvait par terre. Raymond qui était assis côté passage des camareros avait les pieds bien arrosé par ce liquide collant.
 
 
 
 
 
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