GRANDAS
DE SALIMA – A FONSAGRADA
Mardi,
25 septembre 2018
Jour
7
27 km
Au petit matin alors que le jour
était à peine levé nous quittions Grandas de Salima en direction O Fonsagrada.
Nous étions un peu étonnés de voir presque tous les pèlerins quitter le village
en même temps. La réponse logique était probablement qu’à cette heure on n’a
plus besoin d’une lampe frontale et que l’étape était longue.
Une petite montée pour bien
commencer la journée, puis un court passage sur la AS28 avant de la quitter
pour des chemins ruraux. A hauteur de Malmeira une épicerie avait déjà ouvert
ses portes ce qui nous permettait de faire les petites courses d’usage et ne
plus devoir se soucier par la suite.
Sur la partie du faux plat dans
le coin de Padraire nous revîmes le pèlerin qui ne faisait confiance qu’à son
app qui soudain était devant nous tout perdu dans ce que lui indique son
application. A la fin du faux plat le chemin monte et ceci sur une distance de onze
kilomètres. Au premier croisement ou la flèche de l’autre côté du chemin
indique qu’il faut continuer tout droit, l’appman redescendait le chemin sur
notre droite. Il avait probablement un besoin personnel me disait Raymond 2
mais tel n’était pas le cas. Arrivé à notre hauteur il se plaignait que tout
était très mal fait – son app lui avait probablement joué un mauvais tour. En
remontant vers sur Penafonte, la fille qui l’accompagnait lorsqu’on les avait
croisés l’autre jour était assise sur un talus en train de manger une pomme et
attendait l’appman. Plus tard dans la journée nous apprenions qu’il ne s’agissait
pas ni du père et de la fille, ni d’un couple mais que l’appman s’était jointe
à elle pour avancer. C’est quand même drôle, s’il avait besoin d’elle pour
avancer pourquoi devait-il encore consulter tout le temps son app – avoir
confiance en quelqu’un se manifeste autrement.
Depuis le départ à Oviedo je postais
tous les soirs quelques photos avec un commentaire sur facebook. Je suis tout
simplement étonné du nombre de personnes qui nous suivaient et me réjouis
surtout des commentaires. Parmi tous ceux il y en a certainement qui voudraient
bien être de partie. Jeannine a fait un commentaire nous informant qu’elle nous
enviait tous les trois. La connaissant et si tous facteurs réunis par ailleurs
seraient dans le vert, elle aurait été avec nous sans hésiter.
Comme tous les jours il y avait
un parc éolien sur le parcours et c’est justement dans cette direction que le
chemin nous mène. Avant d’attaquer cette dernière montée Raymond 2 et moi
attendions Raymond qui se trouvait quelques minutes derrière nous. Comme il est
dans ses habitudes, il ne voulait pas trop s’arrêter pour se reposer un peu et
proposait qu’on continue – d’accord.
Alors que nous croisions la AS28
pour descendre une centaine de mètres pour accéder à une petite porte avec la
flèche jaune directionnelle, l’appman remonte le chemin goudronné et c’est
reparti pour une tirade de mal fléchage et de la qualité plus que médiocre de
son app. J’aurais tant voulu qu’il fasse une photo de mon plan A4 avec toutes
les étapes.
Arrivés au sommet nous croisions
deux pèlerins très sympathiques mais dont la composition nous laissait quand
même un peu dubitative. Lui un homme qui avait à peu près notre âge, elle tout
au plus cinquante au risque de nous tromper. Lui, il avait visiblement des
problèmes pour marcher, elle : elle fonçait comme le tonnerre. Lui, il ne
portait rien, elle : elle avait seulement un sac de jour sur le dos. Reste
ce qui nous avait le plus frappé : lui, vêtu comme nous – normal quoi.
Elle par contre le styling parfait et avant tout son maquillage plus que
parfait – c’est d’ailleurs pour cette raison que l’avions dénommée « poudrier »
pour la distinguer parmi d’autres.
C’était également sur cette étape
que nous avions franchie, un peu plus loin que le parc éolien, la frontière
entre l’Asturie et la Galice. A partir de cette frontière se trouvent ces
fameuses bornes kilométriques aux insignes du Camino qui indiquent les
kilomètres restants avant d’arriver à Saint Jacques de Compostelle – vachement
motivant de croiser ces bornes avec un kilométrage diminuant.
Dans un bar un peu plus loin dont
je ne veux par relever le nom pour dissimuler la position exacte et pouvoir
éviter d’identifier une personne dont je parle encore plus tard. Dans ce bar se
trouvaient les âmes sœurs toujours à la recherche d’une proie.
La suite du chemin était exposée
au plein soleil avec une vue sur A Fonsagrada au loin mais l’arrivée laissait à
tarder. Dans des circonstances pareilles il n’y a pas trente-cinq
solutions : quand il faut y aller, il faut y aller et il s’avérait payant
d’être parti de bonne heure à moins qu’on ne veille couper l’étape en deux.
A A Fonsagrado j’avais réservé
des chambres dans la Caso Manolo qui se trouve en haut du village. Rien à dire
de particulier sur cet établissement sauf qu’il y avait un échafaudage devant
la façade côté rue ce qui m’avait permis de me suspendre sur une des planches
et permettre ainsi à ma colonne vertébrale de se remettre en due forme. Depuis
que j’ai commencé à faire de l’entrainement plus intensif il y a une quinzaine
d’années, j’avais remarqué qu’en m’étirant sur une barre sportive, ma colonne
vertébrale rentre dans ce qui est sa position normale si jamais une vertèbre est
bloquée. De temps c’est le cas comme suite à un accident de la circulation dans
lequel le chauffeur qui me suivait me rentrait dedans alors que j’étais à
l’arrêt à un feu rouge. « je ne pouvais pas m’attendre que vous vous
arrêtiez au rouge » me déclarait-il après l’accident. « j’étais en
train de consulter mes papiers ».
Raymond et Raymond 2 me racontaient
plus tard, alors que j’avais profité d’un petit sommeil après la douche, que la
personne qui se trouvait derrière le comptoir dans le bar dont j’ai parlé
tantôt était venue au bistrot où ils étaient en train de savourer une cerveza.
Pour être bourré, il était bourré et le garçon du bistrot lui avait refusé
toute commande d’alcool. Enervé par ce qui lui était arrivé, il reprenait le
volant.
Au moment où je les rejoignais je
voyais au loin que les âmes sœurs avaient également prises place sur la terrasse.
Pendant tout le reste de l’après midi nous n’arrivions plus à nous débarrasser
d’elles, même pas pour le repas en soirée. Dans la mesure où c’est vrai, l’une
d’entre elles travaillerait dans une entreprise en train d’être reprise et elle
ne saurait pas à ce jour si elle accepterait le nouveau poste qu’on lui offrait –
l’autre serait stewardess auprès d’une ligne low cost. Pour couronner la
soirée, alors que nous mangions au restaurant un chien de rue avait passé sa
tête à l’intérieur – la suite : je vous la laisse deviner.
Situé à neuf cent cinquante
mètres, A Fonsagrada accueille un musée régional et est riche en anciens
vestiges. Pour le surplus le village se veut être le premier dans lequel la
barrière linguistique entre l’Asturie et la Galice est frappante.