CHAMPLEMY-PREMERY
Samedi, 28 août 2010
Jour 3
19 km
Afin de nous permettre de profiter au plus des quelques journées de congé – soit une semaine aller-retour compris, nous partons le vendredi 27 août pour nous rendre à Champlémy.
Comme convenu, j’avais préalablement échangé un mail avec l’un des propriétaires du château pour redemander l’autorisation de stationner la voiture et la bétaillère dans la cour. Fredo nous a donné l’autorisation et demandé de voir si quelqu’un d’autre s’y trouvait et l’informer qu’il nous avait donné son autorisation.
Le GPS nous a renseignés qu’il fallait plus ou moins huit heures pour le chemin, compte tenu du fait que la progression avec la bétaillère ne peut se faire qu’à une vitesse d’environ quatre vingt dix km à l’heure si tout va bien. Une fois arrivé sur l’autoroute, nous nous sommes interrogés sur la logistique pour les années à venir car plus nous progressons, plus il nous faut de temps pour nous rendre au point de départ et forcément encore plus longtemps pour revenir. Il s’ensuit que nous ne pouvons en conséquence plus recourir aux services de quelqu’un qui nous amènerait et reviendrait nous chercher. Nous avons donc également dû adapter le choix de notre route. Si le recours à un chauffeur nous a permis dans le passé de suivre de très près une ligne à vol d’oiseau Ars-sur-Moselle vers Saint-Jean Pied de Port, tel n’est cependant plus le cas actuellement dans la mesure où nous devons trouver un moyen de transport qui nous permet de rejoindre la voiture avec la bétaillère. C’est la raison pour laquelle nous avons décidé de nous diriger vers Moulins et continuer plus tard en direction de Montluçon. Après avoir exploité tous les moyens de transport en commun, nous avons dû constater qu’au retour pour rejoindre la voiture ne sera pas facile. Aussi faudra-t-il trouver un particulier pour amener l’un de nous à la gare de Moulins pour prendre le train sur Nevers, puis continuer avec le bus vers Champlémy.
La température est clémente avec un ciel menaçant qui tourne à l’averse à l’arrivée à Champlémy en fin de journée. Sur place, nous faisons la connaissance de madame Barbier qui s’interroge sur ces étrangers dans la cour du château en l’absence des propriétaires. Une fois informée sur l’autorisation de Fredo, elle nous accueille comme de bons amis et propose, vu les averses, de nous renseigner auprès d’un des propriétaires si nous pourrions de nouveau dormir dans une des chambres comme la dernière fois. Vive le portable et l’autorisation est vite acquise. Nous déposons un certain montant dans une boîte que madame Barbier nous montre dans la cuisine, où elle prend la clef de la chambre alors qu’il continue à pleuvoir de plus belle. Comme il y a un hangar de chaque côté du château, nous en profitons pour y héberger Henry et Basile, leur permettant d’être également au sec.
Le lendemain samedi, nous partons à dix heures, un peu plus tard que prévu, mais en ligne avec les petits problèmes d’usage du premier jour – question d’arranger au mieux les affaires dans les sacoches et surtout de bien les équilibrer. Le soleil est revenu et nous quittons Champlémy sur la D977, prenons à droite et nous engageons sur la C5 en direction de Thouez. Notre première rencontre est celle avec trois hommes qui sont en train de couper du bois et l’un d’entre eux appelle un autre pour lui présenter son cousin à quatre pattes. Nous avons l’habitude de ces petites blagues qui ne font pas mal. Plus tard nous rencontrerons une autre personne qui n’a pas la même façon de voir les choses pour charger un âne.
Thouez est un petit village dans lequel on voit pas mal de puits et surtout des maisons bien entretenues, de sorte qu’on peut jusqu’à preuve du contraire en conclure que quelques-unes servent de seconde résidence. Qu’un quad peut être une merveilleuse machine de travail dans des terrains accidentés, je ne peux que le souligner. J’étais néanmoins surpris de croiser un monsieur d’une certaine taille, inversement proportionnel en hauteur par rapport au volume, conduire un quad dans un enclos derrière un petit mur, la main gauche sur l’embrayage droit et tenant dans sa main droite un pulvérisateur pour lutter contre les mauvaises herbes.
A fin d’éviter de nous perdre dans la forêt de Charnouveau comme nous l’ont conseillé les locaux, nous prenons un chemin rural qui longe les lieux dits « Les grands Genièvres» et «Le Groitier ». Dès les premiers pas sur ce chemin, nous récoltons les fruits des pluies des jours précédents dans la mesure où la glaise s’accumule peu à peu sous nos chaussures.
Près de Rosay, nous accédons sur la D140 en direction de Saint-Bonnot. A l’entrée du village, nous quittons la D140 pour rejoindre la D540 et découvrons un très beau village. Comme midi approche nous décidons de faire une petite pause de quelques minutes près de l’église dédiée à Notre-Dame-de-l’Assomption. La centaine d’habitants de Saint-Bonnot - qui au 12e siècle se serait appelé Saint-Bonnet - s’élève de nouveau au niveau du début des années soixante du dernier siècle après avoir chuté d’environ trente pourcents dans les années quatre-vingt-dix. Je suis un peu étonné de trouver la porte de l’église ouverte et apprend plus tard qu’une multitude de travaux ont récemment été faits à cet édifice dont notamment la réfection de la toiture, de la tourelle, de l’horloge ainsi que du tableau de la Vierge et de l’enfant. Nous quittons Saint-Bonnot sur la D115 et décidons de casser la croûte une fois arrivé à Prémery d’ici une bonne heure. Ce trajet est marqué part un chemin assez peu fréquenté avec un dénivelé sans problème. Contrairement à d’autres trajets du même genre sur lesquels nous n’avons vu aucune bâtisse, celui que nous sommes en train d’emprunter est semé de petites agglomérations.
Finalement nous avons mis un peu plus de temps que prévu pour parcourir les bois « Les Usages de Saint-Bonnot » et « Les grands Usages de Giry » à proximité de Prémery. A l’entrée du village, je reste près des ânes alors que Daniel part un peu en scout pour explorer le terrain et voir s’il y a un endroit pour nous asseoir et surtout laisser brouter les ânes. Les deux côtés du chemin des prédites forêts étaient en effet bordés de fougère et il est hautement recommandé de ne pas y laisser les ânes satisfaire leur faim au risque d’attraper quelques problèmes de santé.
Au retour, Daniel a repéré un banc en pierre avec un peu de verdure. Dès notre arrivée un couple de retraités nous offre aussitôt deux seaux avec de l’eau pour Henry et Basile. La dame nous informe nous avoir déjà vu venir avec nos chers compagnons. Cette halte fait du bien mais le plus dur sera de se relever de nouveau, bâter les ânes et continuer notre route.
Un coup d’œil sur la carte nous indique qu’il reste quelque six kilomètres à faire pour rejoindre le prochain village. Comme il est déjà plus de quinze heures, nous décidons de nous arrêter à Prémery pour passer la nuit, et comme le hasard fait parfois bien les choses, il se trouve que nous sommes à quelque deux cents mètres du camping municipal. Comme les congés sont en train de se terminer, la fréquentation sur le camping est très réduite sauf quelques retraités français, belges, néerlandais et anglais – avec en supplément nous et nos ânes. Une fois de plus nous devons constater la différence entre un camping géré par un organisme public et un privé. Si l’accueil au camping de la Forge de Sainte Marie exploité par un couple néerlandais-anglais a été bras ouverts, nous revoilà plongé dans un environnement du strict minimum avec une attitude « Hé ne m’en demande pas trop ». Déjà pour savoir si on peut y loger avec un âne, il a fallu plusieurs coups de fil pour trouver quelqu’un qui prend la responsabilité de l’accueil. A la question s’il y a moyen de louer un des chalets pour la nuit, on nous répond que cela ne peut se faire que sur la semaine et avec une réservation préalable. A voir les volets clos d’une dizaine de chalets, je me dis qu’en tant qu’exploitant je n’aurai pas hésité à louer un chalet pour une nuit au prix fort, question d’avoir l’argent à mon actif en lieu et place des sept euros que nous réglons pour camper « tout au fond à gauche ».
Une fois les ânes débâtés, les tentes montées nous allons nous promener un peu dans Prémery avec ses quelque deux mille habitants où nous découvrons l’ancienne usine chimique Lambiotte. Il est prévu de faire disparaître les édifices d’ici 2012 et je suis un peu consterné d’apprendre que ce site qui, jusqu’en 2004, occupait environ sept cent personnes, dispose des friches industrielles qui comptent parmi les plus dangereuses de France. Pour retourner au camping, nous passons près du château qui date du 14e siècle au sujet duquel je ne n’ai pas trouvé d’autres informations.