GUNTIN
– PALAS DE REI
Samedi,
30 septembre 2018
Jour
11
21 km
Contrairement à Lugo et malgré la
chaleur, tout le monde avait bien dormi. Après un desayuno copieux nous avions
rejoint San Romao da Retorte. A partir d’ici il y a le Primitivo classic et la
variante par la Via Romana et c’est par cette variante que nous avons parcouru
les premiers neuf kilomètres de la journée. En cours de route quelques stèles
et un semblant de reste de pont sans plus.
Comme le paysage et les petits
hameaux dans lesquels nous passions n’offre guère quelque chose de particulier
par rapport à ce que nous avions déjà vu par ailleurs, j’aimerais bien perdre
quelques mots sur les guides, app et autres qu’on trouve dans le commerce au
sens large du terme pour s’orienter et se retrouver. Je considère que toutes
ces aides ne sont qu’une reproduction du vécu, ressenti voire imposée à celui
qui l’a conçu dans un moment donné et pour compte de qui ils sont destinés
et/ou écrits. Vous demandez à plusieurs pèlerins de vous décrire la même étape,
vous aurez plusieurs versions différentes en fonction du focus de chacun. Il en
est de même de ce que j’écris - je vois le tout avec mes jumelles et je ne
retiens par écrit que le message que je veux véhiculer. Au fil du temps chacun
découvrira pour lui-même dont il a besoin : un guide multi-couleurs, une
application ou autres. Pour ma part et après avoir terminé le Camino, les
cartes sur MAPS.ME me suffisent amplement au cas où j’aurais loupé une flèche.
Une aide précieuse, pour peu qu’on n’en demande pas plus, sont les cartes A4
que j’ai trouvé dans le Guia del Camino. Les cartes (deux pages), je les avais
avec moi, le guide était à la maison (trop lourd et pas d’infos supplémentaires
par rapport à ce qu’on trouve sur le net. Parlant justement du net, cet outil
longtemps trop onéreux est devenu accessible à tous depuis l’abandon des coûts
supplémentaires du roaming – donc pourquoi s’en priver.
Le chemin était une réplique des
jours d’avants, un peu trop de goudron, quelques hameaux isolés et de rares
passages à travers la forêt.
Nous aurions bien aimé prendre un
café en cours de route mais le seul bar que nous avions rencontré était ouvert
mais fermé. Je m’explique : la patronne se trouvait devant la porte qui
était grande ouverte mais au moment où nous voulions prendre place sur la
terrasse elle nous informait que le bar n’ouvrirait qu’à partir de quinze
heures. Encore un commerce qui était temporairement fermé pour cause de
richesse.
C’est ainsi que nous avons fait
une halte près du pont romain de Ferreira qui se prête à merveille pour faire
des photos. Le reflet du pont dans les eaux avec un ciel bleu sans aucun nuage
– qu’est-ce qu’on veut de plus pour immortaliser un tel endroit. Plus loin à
hauteur de San Jorge Aguasante nous tombions sur une place difficilement
attribuable : un lieu de recueillement ou une aire d’expression
personnelle de quiconque était à l’œuvre, je ne saurais vous le dire.
Faute de découvertes à faire, le
trajet se prêtait bien pour s’échanger ou faire des plans pour l’avenir. Les
« Millepätteren » ne sont jamais à court d’idées et puis il reste
encore notre tour commun autour des frontières du Grand-Duché que nous avons
entamé et dont il nous reste quelques quatre-vingt kilomètres à faire. Nous
avons également évoqué la possibilité de postuler comme hospitalier dans un gîte
pour servir ceux qui sont en route vers Santiago une fois que nous aurons
terminé notre périple.
A l’arrivée à Palas del Rei alors
que nous étions un peu assoiffés et avant de rejoindre notre pied à terre, la
Pension Casa Camino, nous avions fait une pause dans une boulangerie qui avait
ouvert ses portes même à l’heure de sieste -du nouveau.
Rien à dire au sujet du Palas del
Rei : accueil sympa et chambres dans les normes de ce qu’on peut attendre.
Dès notre arrivée nous étions un peu surpris, sans le savoir, que nous nous
trouvions d’ores et déjà sur le Camino Frances. Le nombre de pèlerins était
impressionnant et d’après le patron de la Casa Camino ce nombre dans les mois
de septembre et octobre s’élève à plus ou moins cinq cent par jour alors qu’en
juillet et août il faut compter quelques mille cinq cent par jour.
Lors d’une visite de la ville
nous avons vite compris que tel était effectivement le cas : dans tous les
coins un voit une albergue et visiblement le curé de l’église a plus de sens
commercial que certains commerçants. Assis directement derrière la porte
d’entrée de l’église, il tamponnait le Crédential de qui le demandait. Juste
devant lui il avait bien mis en exergue un genre d’assiette pour y déposer une
petite offrande sous forme de donativo. Vous voyez le pèlerin qui refuserait
d’y déposer ne fut-ce dix cents ? L’autre commerce qui tournait bien était
la pharmacie.
Un dernier mot en termes d’arnac
dans les restaurants. Au moment de commander la cena nous avions envie de vider
une bouteille de vino tinto et le garçon nous amenait la carte des vins. Pour
l’occasion nous avions choisi une bouteille à dix-huit euros. « Lo siento »
nous disait-il, « malheureusement on n’en a plus mais je peux vous
recommander celui-là », qui était à trente-deux euros. Désolé mon pot, t’a
voulu jouer gros mais t’as perdu et nous n’en avons pas pris. Prétendre que le
vin à prix moyen n’est plus de stock pour vouloir vendre du plus cher ne passe
pas à tous les coups.