Montréal - Eauze - Camino

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Trajet > 2015
MONTREAL - EAUZE
Jeudi, 10 septembre 2015
Jour 2
23 km
 
Le réveil sonne à six heures trente et après la toilette et le chargement de nos sac-à-dos nous rejoignons les autres pèlerins qui se retrouvent autour de la table du petit déjeuner.
Nous quittons le gite vers sept heures cinquante et sommes ravis de trouver les portes de la petite épicerie déjà ouverte de même que celle de la boulangerie à quelques mètres. Ce qui me surprend c’est que la boulangère vend sans problèmes une demi-baguette à un pèlerin qui se trouve dans la file devant moi – chose inimaginable chez nous.
Comme il a commencé à pleuvoir légèrement nous profitons des arcades des bâtiments de la grande place pour mettre notre pèlerine à l’abri de la pluie. La pèlerine ensemble avec le parapluie sont amplement suffisants pour randonner. Parlant justement de parapluie – Nicolas et moi avons acheté sur internet un bâton de marche auquel est intégré un parapluie. En cas d’averse le bâton du pèlerin devient ainsi un parapluie. Nombreux seront les pèlerins qui nous interrogeront sur le site internet où on peut commander ce bâton multi usages. Nous avons même rencontré des pèlerins qui avaient entendu que « les luxembourgeois » avaient un drôle de bâton multi usages et en voulaient une démonstration. Inutile de préciser que j’ai prêté une attention particulière au mien en fin de journée dans les gites où les outils des marcheurs se trouvent dans une pièce commune.
Le GR 65 reprend près de l’église pour quitter le village en serpentine avant de croiser la D29. Dans un premier temps nous longeons un sentier forestier et des près dans lesquels se trouvent des vaches laitières ce qui semble être commun pour cette région.
Comme il ne pleut pas averse, nous décidons très vite d’enlever la pèlerine et de ne nous protéger contre la pluie qu’avec notre seul parapluie. Nous croisons d’autres pèlerins et doublerons quelques-uns qui ont sorti l’ensemble de leur stock anti-pluie du sac-à-dos : pèlerine, pantalon et poncho – bonjour la transpiration. En voulant éviter quelques goûtes de pluie, ils seront mouillés depuis l’intérieur. Je ne peux que recommander d’investir une fois pour toute dans une pèlerine de qualité légère qui permet d’évacuer la transpiration que d’acheter n’importe quoi et tomber sous le charme des arguments d’un vendeur qui en réalité s’avère être un château en Espagne.
En remontant vers Barrière-de-Ribère je suis surpris de voir des crocus en pleine floraison au mois de septembre. Une pèlerine en provenance d’une exploitation agricole m’informe que la région que nous traversons en connue pour sa deuxième floraison – on en apprend tous les jours et merci pour les renseignements.
Par la suite le chemin passe l’ancienne voie de chemin de fer qui relia Bordeaux à Toulouse et qui a été transformée pour servir de sentier pour randonneurs. Sur cette partie du chemin la beauté de la nature combinée avec l’aménagement du chemin est une merveille qu’il faut tout simplement savourer.
A la sortie de la forêt nous découvrons sur un bloc de rocher un chapeau – comme nous ne savons pas à qui il appartient, nous le laissons sur place. Peu de temps après le japonais qui a logé dans notre gite vient à notre encontre et nous informe que le chapeau est bien le sien et qu’il est heureux d’apprendre où il se trouve. Il aura donc fait une partie du Camino en double et il ne sera pas le seul. A hauteur du bloc de rocher sur lequel se trouve le chapeau du japonais j’avais vu un panneau qui me laissa bouche bée. On peut y lire : «Propriété privée – Randonneurs, Pèlerins, respectez les personnes et les biens«.  Ce message me semble on ne peut plus claire. La suite est néanmoins démesurée et en dit long sur son auteur : «Passez votre chemin sans vous arrêter».
Nous progressons à travers des vignobles avec quelques beaux domaines et tombons à la fin d’une petite montée sur un gite un peu particulier – la casa d’Elena à Lamothe. Outre d’offrir aux pèlerins un pied à terre, le propriétaire a le sens du commerce. Devant le gite il a installé un auvent avec un comptoir où on peut acquérir les basics du randonneur : une petite épicerie dans laquelle on peut acheter des denrées alimentaires, des fruits séchés en vrac, l’indispensable pour sa toilette jusqu’àu nice to have e.a. un peu de chocolat et autres sucreries. Comme nous avons fait nos provisions à Montréal nous n’y buvons qu’un café et tenons néanmoins à remercier l’exploitant pour cette initiative et d’avoir limité son choix à ce dont le pèlerin a vraiment besoin.
Quand nous reprenons le chemin, le GR 65 passe devant la chapelle dédiée à Saint-Vincent, patron des vignerons. Malheureusement elle est fermée ce qui nous prive d’une visite. Peu après nous retombons sur l’ancienne ligne de chemin de fer dont on rencontre encore certains vestiges en cours de route. Comme le soleil a fait son apparition le passage sur cette ancienne ligne qui peu à peu est reprise par mère nature est une vraie merveille. Sur un trajet de plus de sept kilomètres on se croit dans une sorte de tunnel climatisé ce qui est tout à notre avantage.
A l’entrée d’Eauze, la capitale de l’Armagnac, nous suivons comme d’habitude le sigle du GR 65 et déplorons, comme d’ailleurs partout dans les villages, la présence de panneaux qui indiquent la direction des différents gites – bonjour les dégâts une fois le nouveau système d’affichage uniforme pour les commerces sera mis en place tel que prévu par le législateur français. C’est ainsi que nous finirons par demander le chemin auprès d’un garagiste qui est plein de bonne volonté et nous dessine la direction à prendre. Que le garagiste avait mal compris ou que nous nous étions mal exprimés, Dieu le sait. Le plan en notre main nous mena sur la route allant à Sauboires alors que nous voulions aller au gite qui se trouve dans la rue de Sauboires. En passant près de l’église  Saint-Luperc, nous aurions épargné en cette fin de journée très lourde une économie de deux kilomètres. Vous me direz deux kilomètres et alors. Je suis d’accord, mais en fin de journée avec plus de vingt kilomètres à votre actif et un orage sur le point de faire parler de lui, c’est autre chose.
Nous arrivons au gite chez Nadine juste avant que Saint-Pierre n’ouvre ses écluses et sommes très contents d’avoir une chambre avec trois lits ce qui nous évite de nous retrouver avec des ronfleurs. Chez Nadine est un gite bien entretenue et à recommander pour sa cuisine et les soins éventuels apportés par la patronne. Le menu du soir comprenait une soupe vermicelle, tomate farcie aux olives et au fromage, un morceau de quiche suivi par une dinde avec des pommes rissolées. Le dessert était une tarte catalane et un verre d’armagnac au label VSOP ce qui veut dire « Very Superior Old Pale ». Nadine nous dira qu’un pèlerin avait identifié le VSOP comme « Vieille Saloperie Offerte par la Patronne ». En réalité, l’armagnac ne pouvait tomber mieux qu’à la fin de ce repas copieux - un vrai régal.
Roland Bisenius
 
 
 
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