IRUN
– Bilbao
Samedi,
2 septembre 2017
Jour
2
17 km
Pour
arriver au point de départ de mon arrêt de l’année passée, il nous faut deux
jours. Après une journée de train, nous nous apprêtons à prendre le bus pour
aller à Bilbao. Comme j’avais pris soin de réserver un hôtel près de la gare
d’Irun le trajet hôtel-gare est relativement court si ce n’est qu’il faut s’y
retrouver dans les petits chemins qui mènent à la gare et éviter de rentrer
dans une des impasses dans le coin. Décidément les locaux n’y vont pas trop
souvent non plus puisqu’il y a apparemment autant de chemins que de personnes
consultées.
Depuis
la gare on voit bien la colline qui était au rendez-vous de la première étape
de l’année passée. Au loin on distingue à peine le clocher de la chapelle de
Notre Dame de Guadeloupe sans parler des vestiges de deux tours - Erra-Muz et
Santa-Barbara ainsi que ceux du château de San-Enrique.
Avant
de partir j’avais également réservé quatre places dans le bus de la société
ALSA qui dessert Bilbao depuis Irun. En Espagne on apprend beaucoup sur les
différents modes de fonctionnement, encore faut-il tomber sur la bonne personne
– pour trouver le bus il en est de même. Fort de l’expérience de l’année passée
quant à la ponctualité bien espagnole et du défaut de l’affichage des
« paradas » je me suis dirigé vers le seul bus ALSA qui se trouvait
sur le parking et qui affichait « Irun - Santiago ». Le chauffeur m’a
dit que le bus pour Bilbao arriverait bientôt en face de la gare. Dix minutes
plus tard et un quart d’heure avant l’heure de départ indiquée sur notre billet
le bus ALSA démarrait pour venir stationner en face de la gare. C’est
probablement mon septième sens qui m’a dit d’aller interroger le chauffeur si
c’est également le bus qui dessert Bilbao – « si ». A peine nos
bagages étaient entreposés dans le coffre et que nous avions pris place sur les
sièges préréservés, le bus quittait la gare d’Irun. Je n’ai pas eu le réflexe
de vérifier s’il quittait à l’heure, anticipativement ou avec retard –
l’essentiel était d’être à bord. C’est seulement en cours de route que j’ai
compris qu’il dessert tous les « paradas » des villes du Camino del
Norte depuis Irun jusqu’à Santiago et l’inverse.
L’autoroute
qui longe la côte est semée de virages et le style de conduite du chauffeur ne
contribuait guère à savourer le paysage qui marie les Pyrénées avec le Golfe de
Gascogne. Doubler des poids lourds dans la montée me semblait tomber sous le
sens, en faire autant dans les descentes avec des campings cars et des voitures
de luxe relève néanmoins de la bonne connaissance de la configuration des lieux
pour m’exprimer prudemment.
Après
deux heures trois quarts nous arrivons à Biblao quelque part dans un barrio que
je ne connaissais pas. A première vue cela ressemblait à un lieu d’arrivée et
de départ de bus grandes lignes. Tous les chauffeurs interrogés étaient des
experts dans leurs domaines mais ne savaient rien sur les lignes locales, ni
sur le tramway et ni non plus sur le métro. Un agent de surveillance me disais
que je pourrais peut être avoir de plus amples renseignements dans l’info point
quelques rues plus loin. Bingo : pour aller à Barakaldo il faut prendre
soit le bus rouge, soit le bus vert : et « donde es la parada » ?
Tout ce que j’ai compris dans la réponse était qu’il faut monter la rue puis
prendre à droite – le reste allait tellement vite que j’ai dû jeter l’éponge
pour le suivre. On trouvera bien quelqu’un qui nous dira.
Dans
tous les guides sur le Camino del Norte on vous informe que parcourir Bilbao à
pied vous prend une journée et on recommande même dans certains de prendre les
transports en commun pour passer la partie industrielle de la ville. C’est dans
ce sens que j’avais réservé deux chambres à l’hôtel Ibis à Barakaldo pour cent-dix
euros pour quatre personnes ce qui revient à vingt-sept euros cinquante par
tête.
Tout
au long du périple de cette année nous avons fait l’expérience que la descente
dans un hôtel le long du chemin n’est pas plus cher que d’aller dans un gîte ou
dormir dans un camping. Les prix affichés devant certains gîtes ou sur des
panneaux le long du parcours dépassait régulièrement les trente euros. De un :
l’hôtel était moins cher et de deux : je préfère dormir dans une chambre à
deux plutôt que dans un dortoir avec une vingtaine de personnes avec tous les
vas et viens et bruits que cela comporte. Comme chacun est libre de faire à sa
manière je respecte le choix de chacun.
Nous
avons prévu l’après-midi pour faire du sight seeing : au programme la
vieille ville et on ne peut se passer du musée Guggenheim sans pour autant
faire une visite guidée.
Avec
ses neuf cent cinquante mille habitants, agglomérations comprises, Bilbao est
considérée comme étant LA ville de la communauté autonome du Pays Basque. Si au
début du XXe siècle Bilboa figurait parmi les villes les plus riches d’Espagne
tel n’est plus le cas à ce jour. Marqué par le passé de la guerre civile,
Bilbao compte aujourd’hui beaucoup de friches industrielles et est en train de
passer de l’industrie vers le tertiaire et ce avec succès. Pour celui qui
n’habite pas la ville, deux édifices sortent du lot : lu musée Guggenheim
et ses alentours ainsi que la tour Iberdrola avec ses cent soixante-cinq mètres
de hauteur dans laquelle se trouve le siège de la compagnie d’électricité
Iberdrola.
Le
patron de la ville étant Saint Jacques, on n’aurait pas pu tomber mieux pour
commencer notre périple de cette année.
Avant
de rejoindre l’hôtel nous avons pris un repas en ville duquel se dégagent deux
enseignements : primo – ne mange pas qui veut à l’heure qui lui plait en
Espagne. De treize à seize heure on peut manger à sa fin presque partout –
après il faut attendre au moins jusqu’à dix-neuf heures trente, si non jusqu’à
vingt heures. Secondo, le café : si vous aimez prendre un café après le
repas ou à n’importe qu’elle autre heure de la journée il faut savoir ce qu’on
veut. Un espresso – tout le monde sait ce dont on parle. Un café normal
tel que nous le connaissons est un américano quoi que le volume dépend
fortement de la taille de la tasse dont dispose le bar ou l’hôtel. Si vous
voulez un peu plus de liquide il faut commander un cafe con leche ce qui
correspond à un peu de café avec beaucoup de lait passé à la pression de la
machine à café. Vous trouverez le sucre sur l’assiette mais vous cherchez en
vain le petit biscuit ou le chocolat qu’on a l’habitude de trouver ici. Autre
pays – autres coutumes. C’est justement ça qui est la richesse des déplacements
dans d’autres pays – le changement.
A
notre retour à l’hôtel nous avions fait dix-sept kilomètres, un bon début pour
ce qui nous attend dans les jours à venir.