SANTILLANA
DEL MAR – COMILLAS
Dimanche,
10 septembre 2017
Jour
10
23 km
Le
desayuno à l’hôtel Los Angeles range parmi ceux qui se rapprochent de ce que
nous avons l’habitude de manger le matin.
Raymond
avait consulté le Net pour voir si la météo nous réserverait encore une
surprise aujourd’hui et visiblement les prévisions étaient les bonnes :
une petite grisaille jusqu’à neuf heures et par après le retour au beau temps.
Dès
le début nous marchons sur du goudron et passons par Orena où je n’ai rien vu de
particulier. A la sortie du village il est impossible de ne pas voir l’iglesia
San Pedro qui date du XVIe siècle et qui domine la colline.
Nous
marchons maintenant depuis neuf jours sans avoir fait une vraie pause. Comme
Christiane semble un peu fatigué ce matin nous faisons une pause supplémentaire
à Tonanes ce qui lui fait du bien. J’ai arrêté depuis longtemps de compter les
cafés, cafés con leche et coca qui vont à notre compte. Mais comparé aux
consommations que d’autres pèlerins que nous croisons ont l’habitude de
prendre, notre choix n’est pas exotique.
A
l’approche de Cobreces on voit au loin trois tours d’églises : une
ancienne, une double qui ressemble plutôt à une cathédrale et une plus récente.
Cobreces est connu pour célébrer Sancta Ana, San Pedro et San Roque. La plus
récente s’avère être une abbaye cistercienne, celle avec les deux tours
l’église paroissiale San Pedro et la plus ancienne Santa Ana. Pour le surplus
fin août une procession de dix-huit kilomètres pour honorer la promesse faite à
la Sainte Vierge après avoir été libéré d’une épidémie.
Il
se peut que ce soit dû à un phénomène atmosphérique du coin, si non, je n’ai
pas d’autres explications. Il s’avère en effet que les vapeurs émises par les
voitures qui passent vous poursuivent pendant des minutes avec une odeur qui
est proche du souffre. Impossible de dire si les locaux doivent présenter leurs
voitures à un contrôle technique régulier.
A
Sierra, alors que les montées sur le goudron n’en finissent pas nous décidons
de faire notre pause midi. Après avoir parlé avec Christiane sur sa
constitution physique elle nous confie préférer rejoindre le prochain hôtel
avec un taxi plutôt que de vouloir y aller à pied au risque de ne plus pouvoir
reprendre la route dans les prochains jours. Il tombe sous le sens que Nicolas
ne voulait pas laisser son épouse toute seule. Alors je me suis mis à la
recherche d’un moyen de transport et demande à un homme qui passait s’il
connaissait le numéro d’un taxi ou s’il pourrait le cas échéant conduire contre
rémunération Christiane et Nicolas jusqu’à Comillas qui se trouve à cinq
kilomètres de route. Sans hésiter il offre ses services mais nous demande de
l’attendre où nous sommes pendant une vingtaine de minutes. Ce comportement est
typique pour les gens du coin et me conforte dans ma conviction que la vie est
à ceux qui osent. Il ne faut pas avoir peur de demander – le pire qui peut vous
arriver c’est qu’on vous dise non. Alors on demandera à un autre et ainsi de
suite.
Une
fois Christiane et Nicolas partis je reprends le chemin avec Raymond. Tout le
coin dans lequel nous pérégrinons ces derniers jours semble avoir été fortement
marqué d’un point de vue religieux. Dans le village La Iglesia, l’église de la
Asuncion est de nouveau un point d’arrivée d’une procession qui se tient
annuellement. Par-dessus on y découvre également ruelles qui laissent présumer
une vie datant du passage des romains.
Prochain
village, prochain haut lieu religieux : à Concha se trouve le Convento de
las Camelitas descalzas. L’édifice est situé au plus haut niveau du village
avec une vue sur la mer imprenable et les bâtisses témoignent d’un fonds de
commerce non négligeable.
Pour
arriver à Comillas nous mettons encore une bonne heure et une fois arrivé à
l’hôtel El Tejo je suis curieux de savoir si le transporteur de remplacement a
bien fait son travail. L’appel de Nicolas qui m’informe que les bagages ne sont
pas encore arrivés m’inquiète un petit peu. Le souci n’était pas justifié quand
la réceptionniste m’informe que tous nos bagages avaient déjà été montés dans
la chambre – donc celle de Raymond et la mienne pour la nuit.
Si
Comillas doit sa célébrité pour avoir accueilli l'ancienne université
pontificale
construite dans un style impayable de nos jours, la ville vit aujourd’hui du
tourisme. Un autre édifice qu’il faut absolument voir est le Palacio de
Sobrellano construit dans le style néogotique à partir de mil huit cent
soixante-dix-huit par Joan Martorell pour compte du Marquis de Comillas. Tout près de ce palais se trouve le Capricho
de Gaudi. Les travaux de construction de cette Villa qui s’appelait au début Villa
Quijano ont débuté en mil huit cent quatre-vingt-trois et furent commandés par
l’homme d’affaires Maximo Díaz de Quijano alors que Gaudi n’avait que
trente-et-un ans. Lors de notre arrivée sur place seul l’accès à l’extérieur
du Palacio de Sobrellano était encore
ouvert mais le bâtiment lui-même n’était plus possible.
En
fin d’après-midi nous descendons dans la ville et nous savourons un bonne glace
sur une des nombreuses terrasses le tout par un temps on ne peut mieux
tomber. Ce qui m’impressionne chaque
année est le fait qu’on perd assez vite le besoin de s’entourer du trop-plein
de commerces de tout genre une fois qu’on passe quelques jours dans
l’arrière-pays. Tout ce qui vous tombe dessus en terme de marketing et qui vous
incite à consommer si non, au moins avoir mauvaise conscience commence à me
dégouter et je n’ai une seule envie, repartir au plus vite dans l’arrière-pays.
Pour
finir la journée nous mangeons une bonne paella dans un restaurant le long d’un
canal et sommes heureux que notre transporteur de sacoches peut de nouveau
servir l’hôtel de demain.