La Coquille - Thiviers - Camino

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Trajet > 2013
LA COQUILLE - THIVIERS
Jeudi, 1er août 2013
Jour 4
10 km
 
Le séjour chez les Anglais à La Coquille était un vrai havre de repos. Le petit déjeuner qui nous a été servi le matin était nullement un british breakfast, ni non plus un continental breakfast mais du vrai français à la hauteur de la faim d’un pèlerin.
Nous avons pris congé vers huit heures du matin et, dès les premiers pas en dehors des gros murs de cet ancien restaurant, c’était la canicule.
Comme l’ostéopathe de La Coquille n’a pas pu me recevoir, nous avons décidé de faire un petit bout de chemin pour voir si le pied pouvait porter son propriétaire. A la recherche de la cause de ce petit pépin, j’avais de la peine à trouver une bonne réponse. Marc associé dans la recherche ne pouvait pas non plus m’aider et j’arrivais à la conclusion qu’il y a beaucoup de vrai dans un livre que je venais de lire, dans lequel l’auteur Rorbert Dobelli recommandait tout simplement de cesser de vouloir trouver UNE cause à UN problème, mais d’accepter qu’un problème est toujours la résultante de plusieurs choses.
Vous voyez la cervelle qui tourne à plein régime sous la canicule, alors que je voulais profiter du périple de cette année pour ne penser à rien ou du moins réduire toute réflexion à son strict minimum : douleur au pied gauche, prédestination ? le fait de porter un sac à dos ? le fait de porter un kilo de plus que le seuil recommandé des dix kilos ? la canicule ? …
C’est encore Dobelli qui me mena sur la bonne piste – du moins je le pensais – puisque, dans un autre chapitre de son ouvrage relatif aux cinquante-deux erreurs à ne pas commettre, il recommande de se méfier des check list puisqu’elles vous privent de penser à ce qui pourrait être ou arriver, si vous la respectez à la lettre, et empêcher ainsi à chercher ailleurs. Eh oui, ma check list : j’avais tout coché que j’avais mis dans le sac à dos. Mais qu’est-ce que je ne n’ai pas mis qui pourrait me causer un problème maintenant. Comme mon pied gauche est concerné commençons par tout ce qui pourrait avoir un impact : chaussure - ok, chaussette de randonnée – ok, talc pour éviter un frottement trop exagéré – ok …. Mais oui, j’ai des semelles correctrices qui sont restés dans une paire de chaussures bureaux à la maison. Le poids du sac à dos en plus combiné avec l’absence des semelles correctrices et la marche journalière de quelque vingt kilomètres – voilà une combinaison qui pourrait marcher.
Toute cette réflexion m’a pris un certain temps et notre avancée a été retardée un peu étant donné que nous voulions, Marc compris, soigner dans la mesure du possible nos pieds pour éviter des problèmes inutiles.
C’est ainsi que, par une température qui montait en flèche, nous avons décidé après dix kilomètres de profiter des services d’un taxi qui passait pour nous rendre à Thiviers. Le trajet nous prit un petit quart d’heures et, arrivé sur place, nous avons pu lire sur une enseigne au-dessus d’une pharmacie : trente-neuf degré – il est onze heure trente du matin.
Thiviers est un haut lieu du foie gras et le musée qui lui est dédié héberge également l’office du tourisme. Tous les hôtels du coin sont complets ou trop loin pour s’y rendre à pied. « Descendez au camping municipal – il y a un refuge pèlerin ». Chose dite, chose faite, mais avant d’y aller je donne un coup de fil à l’ostéopathe qui peut me recevoir à seize heures trente. Il est entretemps midi et nous descendons au camping à un kilomètre et demi. Pour descendre, ça descend, vive la remontée. Le refuge pèlerin est très petit et peut accueillir au grand maximum quatre personnes. Le garde du camping nous informe qu’une pèlerine, qui est arrivé juste avant nous, a préféré dresser sa tente sous un arbre à cause de la chaleur. A l’intérieur du chalet, c’est effectivement la fournaise. Pris par la faim nous décidons de sortir notre sachet de potage et d’y associer quelques pâtes que nous avons achetées dans la petite épicerie du camping. Après le repas, nous arrivons encore juste à faire la vaisselle avant de nous reposer sous un arbre et nous endormir de suite.
La température semble avoir augmenté encore quand nous remontons en ville pour aller boire un petit quelque chose. Arrivés en haut de la ville où Jean-Paul Sartre a eu la coutume de passer ses vacances, nous jetons un premier coup d’œil à l’affichage au-dessus de la pharmacie – quarante-deux. Serait-ce la température exacte ? A en juger nos visages et la transpiration, on ne peut pas nier qu’il fait chaud. Marc me confie ne pas compter parmi ceux qui transpirent vite, mais cette fois-ci il en souffre comme tous ceux que nous croisons. La porte de l’église de Notre-Dame de l’Assomption n’est pas fermée à clef. Une fois à l’intérieur, nous nous asseyons dans un banc du fond. Le changement de température entre l’extérieur et l’intérieur conduit à un effet sous estimé, nous transpirons encore plus. Changement de destination – terrasse du bistrot du coin. La serveuse a tout compris : elle ne sert pas un verre d’eau mais apporte la bouteille d’un litre.
A quinze heures trente, j’attends au cabinet d’ostéopathie d’être reçu. C’est Audrey Morinière en tablier blanc qui me reçoit. Voilà une surpris à laquelle je ne m’attendais pas. Comparée à mon âge, c’est une jeune femme d’une beauté rare qui s’avère être l’ostéopathe et non la secrétaire du cabinet. D’une manière très professionnelle, elle soigne mon pied et traite l’inflammation que le médecin qui m’avait refilé l’adresse du cabinet avait également estimée être la cause du problème. Comme il fait de plus en plus chaud, Audrey recommande à nous deux de prévoir un jour de repos et d’en profiter pour faire un peu de tourisme léger. Périgueux qui est une ville sur le Camino, mais une étape plus loin que prévu pourrait faire l’affaire. Audrey nous recommande de visiter ceci et cela et surtout connaît les bons restaurants au rapport qualité prix convenable.
A la sortie du cabinet, nous discutons de cette proposition de jour de repos et quand à dix-sept heures nous découvrons que l’affichage au dessus de la pharmacie est passé à quarante-sept degrés, la décision est vite prise. Retour au camping, informer le garde que nous entendons nous rendre à Périgueux et voulons profiter des avantages offerts par une ville. Le garde comprend tout à fait notre réaction et nous propose de nous rembourser la moitié du prix du gîte. Nous en discutons encore longtemps entre nous au moment de nous rendre à la gare pour prendre le train en direction de Périgeux.
Pèlerin sur la voie de Vézelay, si tu souffre de quoi que ce soit et que tu pense qu’un ostéopathe pourrait t’aider, arrange-toi pour te faire soigner par Audrey.  
 
 
 
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