Oviedo - Sestiello - Camino

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OVIEDO - SESTIELLO
Mercredi, 19 septembre 2018
Jour 1
27 km
 
Nous avons passé la nuit dans la Pension Romero dans une chambre à trois lits et un confort plutôt inattendu pour un prix de vingt euros par tête. Comme la Pension se trouve à l’étage de l’immeuble et n’offre pas le desayuno, Raymond 2 avait pris soin de trouver un endroit pour manger. C’est un petit bar qui était déjà ouvert à sept heures un quart qui servait un peu comme un aimant pour tous ceux qui souhaitaient se ressourcer à cette heure matinale : des ouvriers, des white collars, des pro du comptoir et des pèlerins. Inutile de préciser qu’à ce moment l’exploitant faisait chaque jour son blé alors que d’autres établissements ne pensaient même pas encore à lever le rideau.
Quand nous avons monté nos sacs à dos, le jour venait juste de se lever et le temps était au beau fixe. Une belle journée s’annonçait et d’après la météo, la température pourrait atteindre les trente degrés.
J’avais hâte de sortir de ce bruit matinal propre à chaque ville. A hauteur de l’hôpital Monte Naranco dans le quartier Las Campas, le Camino se jette dans la campagne. Un homme qui croisait notre chemin m’a longuement recommandé d’aller visiter « el monumento al Sagrado corazon de Jesus » qu’on voyait à trois heures sur notre chemin. A vue d’œil il devait quand même se trouver à au moins deux kilomètres ce qui aller-retour feraient quatre kilomètres et compte tenu des dénivelés une heure de marche au moins. Je lui ai gentiment répondu que notre priorité était le chemin de Saint Jacques et que j’irais voir le moment la prochaine fois que je passerais à Oviedo.
Le paysage près de San Lazaro de Paniceres et El Carbayon ressemblait un peu à la partie nord du Luxembourg. Un peu plus loin à Llampaxgua se trouve l’ermita del Carmen. A ma grande surprise la chapelle n’était pas fermée et dans une petite niche derrière une porte sur laquelle était écrite « Sello » nous avons tamponné notre Crédential la première fois pour cette journée. C’est également ici que nous avons rencontré les premiers pèlerins : des Sœurs bulgares et une femme qui habite Berlin.
Raymond 2 se sentait visiblement mieux qu’à notre arrivé et il me disait que marcher seul lui a bien plu mais après six semaines de marche en solitaire, il appréciait s’entourer avec ses potes et surtout pouvoir de nouveau parler la langue du pays. Autant pour nous, six semaines c’est long et s’échanger fait du bien.
Le chemin passe par la AS232 pour rejoindre la AS234 à travers des petites agglomérations telles que Loriana, Gallegos, Escamplero, Paladin, Premonio, Valduno avant de venir à Sestiello près de Grado. Il y a certainement des histoires à raconter sur chacune de ces agglomérations mais il est difficile d’en décrocher une. Les commerces font défaut et sans le Camino il me semble que les quelques points de vente qu’on rencontre mettraient très vite la clef sous la porte. Le seul moyen d’en savoir un peu plus est d’aller à l’encontre des gens.
Quiconque a fait le chemin où qui se prête à le faire rencontrera sur le Camino Primitivo plein de horreos et paneras. Tant les horreos qui sont carrés, que la paneras qui sont rectangulaires sont des greniers sur pilotis dans lesquels on conservait les céréales, les pommes, les pommes de terre et la charcuterie. Aux dires des locaux les premières remontent au XVe siècle. Si certains sont à l’abandon on note cependant que la plupart sont restaurés et quelques fois désaffectés en logement. Ces constructions ont particulièrement intéressé Raymond  et Raymond 2 dans la mesure où ils font partis d’une équipe de restaurateurs d’équipements de tout genre qui rentre dans le patrimoine de nos villages. A cet effet ils travaillent tous les mercredis au moulin de Beckerich et se disent être des « Millepätteren » ce qu’on peut traduire comme les vieux du moulin. Nicolas qui nous rejoindra plus tard fait également partie de cette illustre équipe.
A l’arrivé à Grado qui compte quand même quelque dix mille habitants on notera particulièrement la mairie que l’on pourrait confondre avec une grande horloge, tellement la construction avec ses revêtements de fenêtres et des portes en bleu laissent penser aux grandes horloges qu’on trouvait en son temps dans presque toutes les maisons.
Pour passer la nuit j’avais réservé dans l’hôtel El Lacayo de Sestiello, ici encore pour vingt euros par tête. Dès l’arrivée et comme tous les ans le rituel est le même : une douche, la lessive, un petit repos et ensuite du houblon dans sa forme la plus liquide : une bière pour la soif et l’autre pour reconstituer les minéraux brulés tout au long de la journée. Ajoutons encore au rituel l’appel à domicile pour échanger un peu avec nos épouses et venir aux nouvelles de part et d’autre.
Dès le premier jour de notre pérégrination de cette année et contrairement à la météo normale du coin qui est quand même connu pour recevoir des averses abondantes, nous avons eu des températures proches des trente degrés tous les jours, interrompues par un seul orage d’une heure. Autre chose : les derniers kilomètres de chaque étape montaient et j’ignore pourquoi – probablement pour finir la journée en beauté alors que le sac à dos vous rappelle qu’il est de partie et que le stock d’eau arrive tout doucement à épuisement. 
 
 
 
 
 
 
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