Gosseldange
- IRUN
Vendredi,
2 septembre 2016
Jour
1
8 km
Pour
une fois j’avais préparé mon sac-à-dos complètement la veille dans un esprit
« n’y touche plus – tout y est » de manière à pouvoir le mettre le
lendemain sans trop me poser de questions si j’avais oublié ceci ou cela, s’il
y avait des choses que j’aurais pu laisser à la maison etc.
A
six heures trente un gros câlin à mon épouse tout en veillant à ce que nos
chiens n’approchent pas trop de la porte d’entrée et ne réveillent toute la rue
par ma sortie matinale. Ils avaient bien enregistré la veille le sac-à-dos et
se doutaient d’une sortie qu’ils ne voulaient pas rater.
Marc
est déjà devant la porte et nous nous dirigeons vers la gare de Lintgen où les
trains ne circulent cependant pas pendant quinze jours à cause de travaux
d’envergure sur le réseau. Ce sera donc une navette de bus de remplacement qui
s’arrête à une cinquantaine de mètres de la gare qui nous amène à
Luxembourg-gare. Pas trop de monde dans le bus à cette heure matinale et les
seuls passagers sont soit en train de dormir soit sont pris par le mal du
portable qu’ils ne veulent pas lâcher une seconde de la leur vue. Comme il
s’agit d’une navette de remplacement des trains, elle ne dessert pas tous les
arrêts de la ligne deux cent quatre-vingt-dix et nous arrivons à l’heure à la
gare de Luxembourg, juste devant l’arrêt de la navette Lorraine TGV. Il nous
reste vingt-cinq minutes avant le départ et nous décidons de prendre un café
dans une boulangerie en face de la gare – de un parce que le café y est bon et
de deux on ne paie pas le prix fort que pour la même prestation dans l’enceinte
de la gare.
Entretemps
je connais par cœur le trajet de la navette qui roule sur l’autoroute en
contresens des frontaliers qui rejoignent quotidiennement le Luxembourg pour y travailler.
A ma grande surprise il n’y a pas trop de bouchons ce qui est probablement un
signe que pas mal d’entre eux profitent des fins de saisons pour poser leur
congé – je ne voudrais néanmoins pas devoir le faire tous les jours. Bien
évidemment nous avons parlé de tous ces gens dont notre économie a besoin et
des discours inutiles en provenance de certains milieux à leur égard que ce
soit au Luxembourg ou en France. Le chauffeur de la navette roule de manière
très consciencieuse et nous arrivons à bon port une bonne vingtaine de minutes
avant le départ du train. Dire que ce trajet a coûté un quart du prix de ce qui
nous attend sur la journée – c’est un peu fort de café.
Soit
la protection de la gare Lorraine TGV se fait de manière discrète soit elle
n’est pas protégée – du moins je n’ai vu personne en arme ni de contrôle lors
de l’accès au quai. D’un côté c’est bien pour donner un signe qu’on ne fait pas
la loi de ceux qui perturbent notre manière de vivre, d’un autre côté un peu
particulier si on voit ce qui se passe dans d’autres gares. Le temps est au
beau fixe quand le TGV arrive et nous nous installons pour cinq heures et demie
en direction de Bordeaux Saint-Jean. Compte tenu du fait qu’il faut réserver
ses places contribue largement à l’absence de stress quitte à ce qu’il y a
toujours des personnes qui tentent leur chance surtout pour passer de la
deuxième à la première classe. Comme le prix pour la première classe ne coûtait
que quelques euros supplémentaires nous avions opté pour la première classe où
les places sont plus confortables surtout au niveau de l’espace pieds. Je suis
toujours surpris qu’on n’est pas cloué contre le siège au moment où le TGV
accélère – tout se passe si de rien n’était et la vitesse avec laquelle le
paysage passe devant vos yeux ne donne pas le vertige. Il y a trois indicateurs
qu’on roule à grande vitesse : d’abord le bruit provoqué par les rails,
l’affichage de la vitesse pour peu qu’il ne soit pas caché par un autre message
mais avant tout le croisement avec un autre train.
Au
fil des kilomètres je lis le Monde que j’avais acheté dans le gare : rien
de spectaculaire : les présidentielles de part et d’autre du grand bleu –
d’un côté Clinton et Trump, de l’autre Jupé, Sarkozy, Macron et compagnie et finalement
Hollande qui se fait attendre. C’est quand même un peu choquant que les abonnés
au pouvoir occupent une part plus importante d’un journal que le sort de leurs
« soumis » dont ils signent responsables sans trop de risques pour
leurs actes – n’évoquons qu’au passage la Syrie, le Moyen Orient, un petit
massacre par si une tuerie par là et j’en passe.
Mon
billet me renseigne qu’à la gare de Bordeaux Saint-Jean, nous ne disposerons
que de quatorze minutes pour rejoindre notre correspondance pour Hendaye. A une
minute prête notre train est à l’heure et nous n’avons pas besoin de changer de
quai, juste devant nous avant la sortie de la gare à droite un train qui
desservira onze gares avant d’arriver à destination. A peine installé et c’est
reparti pour deux heures et demi. A l’arrivée à Hendaye nous avons ainsi fait
onze heures de transport en commun – changement de moyens de locomotion
comprises.
Il
est dix-sept heures quinze et il fait vingt-huit degrés. En face de la gare
nous prenons sur une terrasse une carafe d’eau le temps d’observer le devant. Il
n’y a pas photo : toutes les gares se ressemblent sur le fonds de ce qui
s’y passe : des voyageurs plus ou moins stressés, les locaux qui circulent
à l’aveugle et ceux qui cherchent, les taxis qui se mettent en bonne position à
la quête de la queue des clients, les voitures privées qui cherchent un
emplacement, les forces de l’ordre, les bus, les embouteillages et quelques
personnes que ne sont ni voyageurs et qui n’appartiennent à aucune des
professions qui y exercent leurs métiers – vous voyez ce que je veux dire.
Hendaye
se trouve sur la Côte d'Argent de l'Atlantique et est bordée par la baie du Figuier
et la baie de Lohia dans le golfe de Gascogne. Ville frontalière franco-espagnole elle se trouve au
pays basque et fait partie du département Pyrénées-Atlantiques. Comme toutes
les villes frontalières, Hendaye a bien souffert dans le passé par les guerres.
Dires qu’en franchissant la gare d’Hendaye je pose les pieds dans un endroit où
en date du vingt-trois octobre mille neuf
cent quarante Hitler et le général Franco
se sont rencontrés alors que ce dernier
y réaffirma le non-engagement de l’Espagne dans la Seconde Guerre
mondiale me donne
un peu de frissons. Abstraction faite qu’on ne peut pas toujours plaire à tout
le monde et qu’il y a certes des choses qui pourraient mieux fonctionner, je
suis de plus en plus conscient de la chance dont nous bénéficions d’avoir été
né et de pouvoir vivre dans un environnement sans guerre depuis plus de
soixante-dix ans et ne peux que saluer
la libre circulation et la monnaie unique que nous connaissons aujourd’hui.
Nous
rejoignons l’Espagne par le pont international Saint-Jacques pour aller à Irun
dans la Communauté autonome du Pays Basque.
L’histoire d’Irun remonte jusqu’aux romains et l’ajout Uranzu de son
double non a été abandonné au Moyen-Age de sorte qu’aujourd’hui on ne parle
plus que Irun sans plus. En passant par Irun on voit surtout le caractère d’une
ville côtière. Avec la libre circulation issue du traité de Schengen, Irun
comme tant d’autres villes frontalières a néanmoins souffert économiquement
avec la disparition de toutes les transactions frontalières d’antan.
Pour
rejoindre notre gite nous découvrons vite qu’il faut se familiariser avec un
autre système de fléchage que celui que je connais sur la voie de Vézelay et le
Camino Frances. Celui du Camino del Norte est bien différent. Il existe mais il
faut apprendre à le lire : des flèches jaunes, des coquilles, un point
jaune sur le macadam, une pierre, un poteau etc. A chaque croisement il y a
quelque chose mais il faut s’habituer à la trouver. Pour avoir toutes les
chances de notre côté j’avais emmené mon Garmin et Marc avait téléchargé les
cartes maps.me sur son portable. Comme je l’ai déjà dit dans mon introduction
je ne peux que recommander de télécharger cette sur ap sur votre portable ceci
d’autant plus que les cartes sont gratuites. Comme un GPS est intégré dans les
portables moderne vous pouvez à tout moment vérifier votre positionnement. Mais
attention de ne pas en abuser pour vérifier à chaque coin de rue – ça bouffe du
jus.
Notre
chemin à traverse un parc naturel et Camino del Norte passe en direction de
notre logement pour la soirée. Pour y arriver nous avons un avant-goût de ce
qui nous attend les jours à venir – des chemins mal entretenus et en pente
raide. Nous logeons à Barrio Jaizubia 14 - Goikoerrota
Apartado 120 E-20280 Hondarribia. Capitan Tximista est un ancien moulin dont
les infrastructures laissent un peu à désirer et son rapport qualité-prix,
comparé à ce que trouverons dans d’autres endroits, est un peu exagéré. Le
dortoir est surchargé avec des lits, il n’y a qu’une seule douche, le cena
(repas du soir) n’est pas compris dans les 29 € - on commande comme chez nous
les pizzas et surtout le petit déjeuner n’en est pas un. C’est viable mais on
s’en sort bien en disant que demain on dormira ailleurs.
Pour
manger nous avons fait confiance à un italien qui y séjournait et qui faisait
le chemin en sens inverse avec son vélo. Parti de Saint Jacques-de-Compostelle
il voulait rejoindre son domicile dans un mois. Il avait en effet découvert un
restaurant qui n’ouvrait qu’à vingt heures mais qui était trop cher pour lui.
Le menu à dix-neuf euros, comparé avec les prix au Luxembourg c’est plutôt bon
marché. Nous avions fait le bon choix de descendre un kilomètre pour trouver ce
restaurant avec sa particularité que les lustres sont faits d’anciennes pierres
de meules – très rassurant avec quelques deux cents kilos au-dessus de votre
tête attachés avec des chaînes sur les poutres du plafond.