MARKINA
XEMEIN - GERNICA
Mercredi,
6 septembre 2016
Jour
6
24 km
C’est
le premier jour où nous prenons le desyauno dans le gîte puisqu’il est servi à
partir de sept heures. Pour le surplus il digne du nom.
Il
est sept heures et demi quand nous commençons l’étape du jour – le jour
commence tout juste à se lever et la température à l’extérieur vous permet de
démarrer en short. Reza a pris le petit déjeuner en même temps nous accompagne.
A la sortie de Markina nous tombons sur Pit et hollandais et nous décidons de
faire un bout de chemin à quatre. Pit me raconte qu’il est prépensionné et que
ses enfants n’habitent pas trop loin de chez lui de qui a ses avantages et
désavantages. Outre donner un coup de main pour des petits travaux il
intervient régulièrement comme baby sitter – son épouse quand-même un peu plus
que lui.
Tout
au fond sur la colline le soleil levant jette ses rayons sur une série
d’éoliennes. En nous voyant avec nos bâtons de pèlerin je nous vois un peu
comme des Don Quichotte modernes à l’attaque des moulins à vent.
Un
peu plus loin nous croisons un homme que j’avais déjà vu il y a deux jours et
qui se promène un petit sac à dos. « Yo soy Manuel de Colombia ».
Quel plaisir de tomber sur quelqu’un qui parle l’espagnol avec je peux
pérégriner un petit peu et améliorer mon espagnol. Manuel a travaillé dans la
marine commerciale et me dis que mon espagnol est bien compréhensible. Merci à
Maite ma profesora qui a su nous préparer sur le volet pratique de la vie
plutôt que celui de la littérature. Du coup je me renseigne si Manuel fait
transporter ses bagages – « claro que si » me répond-il et pour le
surplus il me de me renseigner d’avantage sur le site « Transporte de
mochilas en el Camino de Santiago ».
A
Ziortza Bolibar nous passons devant le musée dédié à Simon Bolivar surnommé le
libertador dont la famille a son origine ici. Manuel est un vrai connaisseur en
matière et me raconte toute l’histoire de cet général et homme politique et
avant tout sa relation avec la Colombie – ça se comprend.
Peu
de temps après nous arrivons à hauteur du monastère cistercien Santa Maria de
Zanarruza. J’aurais bien voulu visiter ce monastère mais compte tenu que tous
les pèlerins que nous avons croisés ces derniers jours semblent se trouver tout
à coup au même endroit et que tout le monde parle avec tout le monde et que
nous avançons bien je compte rester dans le sillon ceci d’autant plus que Marc
se trouve quelque part devant moi. Peu après je le rejoins et nous décidons de
la suite du programme pour la journée. Comme nous marchons maintenant depuis
six jours sans pause, nous décidons de voir si dans le prochain village il y
aura une possibilité de prendre le bus pour aller à Gernika où nous avons
réservé pour ce soir et y aller sur des historiques.
Il
est presque midi quand nous arrivons à Munitibar et l’exploitant du petit bar
nous dit qu’on bus partirait près de l’église à douze heures cinquante ce qui
nous permet de commander un bocadillo et un café. Alors que nous nous
installons sur la terrasse arrivent un pèlerin français accompagné d’un
japonais en provenance de Tokio. Il me dit avoir soixante-douze ans et
s’appeler Ota. Il nous interroge bien entendu jusqu’où nous comptons aller
aujourd’hui. Je lui dis que nous comptons prendre le bus pour aller à Gernika
pour pouvoir visiter la ville et nous reposer un peu. Alors il commence à se
gratter les cheveux et dis quelques fois Gernika, Gernika, pour imiter de suite
le tir d’un fusil mitrailleur suivi de Picasso. Quand il continue sa route je
me rends compte qu’il porte un sac-à-dos relativement lourd et il me dit porter
plus ou moins seize kilos.
Du
coup je me rappelle ce que Maite nous a dit sur la ponctualité espagnole. Si on
dit deux heures par exemple c’est à titre indicatif : ça peut être deux
heures moins le quart, deux heures ou bien encore deux heures le quart – non lo
so. Heureusement que nous avions déjà payé au bar puisqu’à douze heures
trente-cinq donc avec une avance d’un quart d’heure arrive le bus. Sur ma demande
si c’est bien le bus de douze heures cinquante le conducteur me dit oui et
démarre aussitôt.
A
Gernika nous rejoignons directement l’hôtel pour pouvoir y déposer nos sacs à
dos et profiter de l’après-midi pour découvrir la ville. A quatorze heures les
enseignes au-dessus des pharmacies affichent trente-cinq degrés, le temps
d’aller voir le muso de la Paz qui se trouve place des Fueros juste en face de
la mairie.
A
la fin de notre visite dans ce musée je conclus qu’on devrait avoir un tel
musée dans chaque capitale et que la visite devrait être obligatoire pour tous
les étudiants. Dans ce même contexte je rejoins par ailleurs un de mes
compatriotes qui a dit un jour que tous ceux qui prônent la haine devrait
visiter les cimetières militaires.
Le
museo de la Paz offre tout d’abord un large inventaire de ce qu’est la paix en
passant par les chemins de la paix pour finir dans ses réflexions avec la paix
au XXIe siècle. Les photographies affichées soulignent à leurs justes valeurs
les messages véhiculés. La moitié du musé est bien entendu consacrée à ce qui
s’est passé à Gernika le vingt-six avril mille neuf cent trente-sept lors du pendant
la guerre d'Espagne, bombardement ordonné par les nationalistes
espagnols et
exécuté par des troupes allemandes nazies et fascistes italiennes. Ce que j’ai ressenti dans la
reconstitution de la salle à manger d’une maison en cette date fatidique du
vingt-six avril mille neuf cent trente-sept restera certainement le moment fort
de mon périple de cette année. Cette reconstitution audi visuelle servira à
quiconque voudra l’apprécier à sa juste valeur ce que cela veut dire d’avoir la
chance de vivre en paix depuis soixante-dix ans. L’œuvre monumentale en noir et
gris de Pablo Picasso pour honorer l’horreur de Gernika est exposé en plusieurs
segments pour bien illustrer l’approche du peintre. Rappelons pour mémoire que
cette œuvre datant de la même année que le bombardement a été conservé aux
Etats-Unis pendant toute la durée de la dictature franquiste avant de rejoindre
sa terre natale.
A
la sortie du musée on a l’impression d’étouffer – le soleil frappe au plus fort
et tous les pèlerins qui n’ont pas encore rejoint un gite à cette heure
souffriront jusqu’à leur arrivée.
Nous
remontons les escaliers qui donnent sur l’église Santa Maria qui est
malheureusement fermée. En prenant la rue à droite nous tombons sur la réplique
de l’œuvre de Pablo Picasso grandeur nature – l’original se trouvant à Madrid
au museo de la Reine Sofia.
Le
reste de l’après-midi est réservé au dolce farniente et un tour de ville.