Périgeux - Saint Astier - Camino

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Trajet > 2013
PERIGUEUX – SAINT-ASTIER
Samedi, 3 août 2013
Jour 6
26 km
 
L’orage pendant la nuit ne m’a pas empêché de bien dormir. Au petit matin, Marie-France sert le petit déjeuner à l’intérieur étant donné qu’il est encore humide à l’extérieur. Les premiers pas sur la terrasse confirment effectivement une petite baisse de la température, mais j’ai l’impression que la pluie qui est tombée la nuit risque de transformer le tout en une sorte de sauna.
Serge propose de nous accompagner encore jusqu’à Chancelade à la sortie de Périgueux, où il veut nous montrer l’abbaye Notre-Dame dans laquelle il se rend de temps à autre avec Marie-France pour y écouter des concerts.
Il est huit heures moins dix quand nous y arrivons et les bâtisses restantes de l’abbaye me laissent bouche bée. D’abord par la beauté et la tranquillité des lieux, mais surtout l’intérieur de l’église.  L’abbaye date du XIIe siècle et a été partiellement détruite pendant la Révolution française. Aujourd’hui elle peut être visitée et la communauté des Chanoines réguliers de saint Augustin s’occupe de l’accueil. D’après Serge, pendant les concerts les musiciens s’installent sur le parvis de l’entrée, depuis laquelle des marches donnent dans la nef.
Au moment de notre visite, un chanoine entre dans l’église et nous échangeons quelques mots. Ce que je n’avais pas remarqué de suite, c’est qu’il était suivi d’un chien. De manière intuitive, je fais un geste de la main pour lui signaler de sortir, ce qui ne l’a pas trop impressionné. Le chanoine qui l’avait remarqué m’informe qu’il s’agit de son chien et qu’il le suit partout. Serge me confirmera que même pendant la messe le chien est présent couché près de l’autel. Mais qu’est-ce qui m’a pris de vouloir priver l’accès à l’église à ce chien. Décidément, le soleil des jours précédents a dû laisser des traces.
Une fois que nous avons pris congé de Serge et l’avoir remercié encore une fois pour son accueil et celui de son épouse, nous repartons en consultant notre guide. Même si ce guide est d’une aide irréprochable, certaines descriptions méritent la dénomination « trop c’est trop ». En voulant être trop précis dans certains endroits, on risque de ne pas se retrouver si le plus petit changement au niveau de la configuration des lieux a été opéré. Vouloir décrire quel chemin il faut prendre en citant trois rues sur un espace de cent mètres n’améliore pas forcément l’orientation. Finalement, nous avons trouvé l’endroit par où passer. En montant le chemin qui longe les rues qui ont des noms de fruits tels que sorbiers, pruneliers, noisetiers, etc., nous constatons les premiers dégâts que l’orage de la nuit a causés.
C’est Marc qui voit en premier une petite boîte aux lettres en bois sur le bord du chemin, sur laquelle est écrit : « Halte gourmande du pèlerin – ouvrez s.v.p. » A l’intérieur se trouvent des petits sachets avec des fruits séchés, qui se trouvent encore en abondance dans nos sacs à dos. Nous laissons dès lors les sachets en place pour ceux qui nous suivent et qui le cas échéant sont à court de provisions. Félicitations néanmoins pour celui qui a pensé à mettre ce système en place.
En descendant dans la forêt, nous passons par un endroit où des arbres tombés pendant la nuit ont déjà été enlevés, ce qui laisse présupposer que par ici l’orage a dû être encore un peu plus fort qu’à Périgueux.  Au lieu dit les Andrivaux, nous croisons un homme qui promène son chien en laisse avec qui nous parlons un peu et qui nous informe que « plus loin c’était encore pire ». Quand on dit que nous avons passé une journée à Périgueux, il nous demande si nous avions vu François Hollande et son ministre de l’Ecologie, qui a parlé à la foule. « Non, on ne l’a pas vu. Nous comprenons maintenant pourquoi il y a eu tant de forces de l’ordre ». Tandis que Marc s’intéresse à une vieille maison en aval, je profite pour me faire tamponner le Crédential dans une maison qui affiche : »Maison d’hôtes – les templiers des Andrivaux ».
Le jour de repos nous a fait du bien et malgré, le temps qui est reparti pour être très lourd, nous montons sans difficulté la rue empruntée. Arrivés sur un plateau, nous sommes amenés à suivre le nouveau chemin et rentrons dans la forêt. Compte tenu de la pluie qui est tombée et de la configuration du sol qui est composé de glaise et de pierres avec de la mousse accumulée, sa traversée est un peu plus sportive. La recherche des affichages spécifiques ne pose pas de problèmes même dans des endroits où le chemin part dans plusieurs directions. Ce qui amène Marc à proposer de prendre plusieurs photos et d’insérer plus tard un texte avec la question – « quel chemin prendre » – tout en évitant de photographier l’affichage officiel du chemin de Compostelle.
Il est presque midi quand nous découvrons avant Gravelle un hangar qui doit servir de pied-à-terre à une association de tir. Nous en profitons pour mettre du talc sur nos pieds et manger une petite portion de fruit séchés, qui sont devenus notre repas de midi. Malgré que nous en avions entendu parler, nous sommes néanmoins surpris pour avoir fait l’expérience que le corps n’en demande pas plus, malgré l’effort physique de nous sommes en train de faire.
A Gravelle, un homme est en train de ramasser des feuilles qui sont tombées pendant la nuit et, dans sa cour, il nous montre un arbre dont le feuillage donne l’impression que quelqu’un aurait tiré dessus avec un fusil mitrailleur. « Ici ça va encore, nous dit-il, plus loin il y a eu beaucoup de dégâts dans les vignes »
Dans un reportage que je verrais à mon retour à la télé, je vous laisse le choix de deviner ce que je pensais quand j’ai vu les deux reportages suivants :
·         un jeune vigneron qui a investi dans des filets anti-grêle et qui n’a pas souffert lors de l’orage et un autre
·         qui appelle à l’aide de l’Etat et à la déclaration du secteur comme zone sinistrée, mais qui n’a ni filet ni assurance spécifique.
 
J’aurais bien aimé avoir l’avis de Marc au sujet de la demande du dernier.
 
Arrivé près d’Annesse, le guide offre plusieurs possibilités et nous optons pour celle qui longe le canal. Tout près d’une retenue d’eau, un Néerlandais a dû apporter un panneau sur lequel on peut lire : flèche à gauche : Saint-Jaques 1107 km, flèche à droite – Wille Pays Bas 1107 km.
 
Commence alors une montée sans fin et le retour de la canicule sur la D3 en direction de Saint-Astier. A part le trafic qui rend la route dangereuse, il n’y a que deux choses qui ont retenu notre attention : les vestiges de l’industrie de la chaux blanche sur notre gauche et, sur notre droite, un terrain militaire interdit d’accès avec des fortifications creusées dans la roche qui sert de base de support de l’armée de terre, ainsi que l’accès au Centre national d’entraînement des forces de la gendarmerie. Les locaux nous diront plus tard que tout ce complexe est une ville dans la ville, entièrement équipé, et que les commerces de Saint-Astier ne profitent en rien des ces infrastructures.
 
En ce qui concerne la présence des militaires, Saint-Astier a payé un triste sort le vingt août mille neuf cent quarante-quatre avec vingt-et-un fusillés par  représailles des combats que des résistants se sont livrés contre les occupants allemands.
 
Par une chaleur proche de celle que nous avons vécue à Thiviers, nous arrivons vers treize heures trente dans le gîte « Les rives de l’Isle » dans la rue Dr Gadaud, où nous avons réservé deux chambres. L’accueil est très chaleureux et immédiatement, après avoir pris une douche, je me couche sur le lit et ne me réveille que deux heures plus tard. Nnous nous retrouvons sur la terrasse du gîte qui est la plus belle terrasse sur laquelle j’ai mis les pieds depuis que je marche sur le Camino. Ouverte de deux côtés, contiguë à l’Isle, couverte et dont les poutrelles reposent sur des pierres de taille. Le tout vous laisse sombrer dans une atmosphère provençale d’une rare beauté, avec pour seul bruit l’eau de la digue de l’Isle qui se jette plus bas.
 
Quand nous consultons le carte pour le trajet du lendemain, nous observons quelques enfants mais avant un homme et une femme avec une canne pour pêcher, accompagnés de leur chien. La femme reste sur la berge mais n’arrive pas à faire une prise. L’homme quant à lui, pied nu et en short, couvert  d’un chapeau et qui me rappelle Philippe Noiret, s’installe au milieu de la digue, trempe sa canne légèrement en amont, puis lance le fil dans l’eau. Après dix secondes, la première prise. De nouveau il trempe sa canne en amont, lance le fil dans l’eau et, après dix secondes – rebelote. Après dix minutes d’observation Marc et moi sommes bouche bée et cessons de l’observer si ce n’est son chien qui nous rappelle les nôtres à domicile. Le chien qui souffre visiblement de la chaleur se couche dans l’eau de la digue et ce qui n’est pas immergé est une partie de sa tête lui permettant de respirer.
 
Vers dix sept heures, nous nous mettons à la recherche d’un commerce et voyons au loin le panneau d’un Leclerc. Par une chaleur exécrable nous marchons pendant deux kilomètres pour constater, une fois arrivé sur place, qu’il s’agit de la partie brico alors que la partie alimentaire que nous cherchons se trouve à l’autre bout de la ville, à plus ou moins deux kilomètres d’après ce que nous dit un client. Arrivés sur les lieux, nous faisons nos courses mais sommes vite amenés à constater que le soleil nous a bien eu ou plutôt c’est nous qui avions sous-estimé les rayons solaires en cette fin de journée. Comme nous l’avions également discuté au préalable, nous continuons vers la gare SNCF pour acheter notre billet pour rentrer à domicile. La dame derrière le guichet nous informe que c’est la première fois qu’on lui demande des billets en direction du Luxembourg. Nous réservons donc des places TGV Libourne-Paris et Paris-Luxembourg.
 
Avant de visiter encore l’église, je donne comme d’usage un coup de fil à mon épouse à l’heure convenue : entre dix-huit et dix-neuf heures du soir. Rien de spécial à signaler – il fait également chaud au Luxembourg mais dans une moindre mesure qu’ici. Ah oui, le vétérinaire est passé hier soir pour voir si Henry se portait bien – c’est un service qu’il m’avait proposé avant de partir, pour me permettre de savourer mon périple sachant que Henry devait être opéré à mon retour. Tout semble être dans le vert, ce qui me rassure. « Allez, je te laisse, on se revoit mardi prochain ».
 
J’aime bien visiter des églises, mais celle de Saint-Astier m’a coupé le souffle. La différence de température entre l’extérieur et l’intérieur est énorme. Le manque d’aération et une odeur de moisi vous incitent à ne pas rester.
 
Nous clôturons la soirée sur la terrasse d’un restaurant en face de l’église et, comme accompagnement au menu, nous faisons confiance à la patronne qui nous recommande une bouteille de rouge, cuvée spéciale du millième anniversaire de Saint-Astier. Le menu est à hauteur de nos attentes avec un bon rapport qualité-prix, ce qui nous permet de refaire un peu le monde et d’échanger sur les prévisions électorales à venir. 
 
 
 
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